Le Devoir

Des leçons à tirer des inondation­s du printemps 2017

Un rapport de 55 pages de la sécurité civile montréalai­se énumère une série de mesures à prendre

- MARCO FORTIER

Manque d’inspecteur­s pour scruter à la loupe plus de 430 maisons inondées, panne du système d’appels 311 au plus fort de la crise, longue attente pour obtenir du renfort des Forces armées: les inondation­s du printemps 2017 à Montréal ont mis en lumière une série de lacunes, indique un rapport de la Ville.

Ces inondation­s ont entraîné la plus importante alerte de sécurité publique depuis la crise du verglas, il y a 20 ans, note le document préparé par la Direction de la sécurité civile et de la résilience de la Ville de Montréal. Plus de 1100 personnes ont été sinistrées dans l’agglomérat­ion montréalai­se durant les pluies diluvienne­s d’avril et mai 2017, qui ont déjoué toutes les prévisions.

Au barrage Carillon sur la rivière des Outaouais, le débit d’eau a atteint 9000 mètres cubes par seconde, presque le double du seuil d’inondation mineure établi à 5100 mètres cubes par seconde — et beaucoup plus que le seuil d’inondation sévère de 6800 mètres cubes par seconde. Les normes d’inondation ont été largement dépassées aussi sur la rivière des Prairies, au lac des Deux-Montagnes et au lac Saint-Louis.

Place à l’améliorati­on

«Nous allons travailler au cours des prochains mois et des prochaines années pour nous assurer de mieux outiller tous les services. Le nombre de phénomènes de météo extrême va augmenter et nos décisions politiques devront refléter cette réalité », a indiqué au Devoir une source au cabinet de la mairesse Valérie Plante.

Le rapport de 55 pages de la sécurité civile montréalai­se énumère une série de mesures à prendre pour tirer les leçons des inondation­s du printemps dernier.

Un des premiers défis consiste à actualiser les cartes de zones inondables, dont certaines sont établies d’après des données désuètes d’il y a quatre décennies. Le rapport recommande aussi de préparer des cartes en format numérique pouvant être mises à jour en direct.

Le rapport note aussi l’importance d’améliorer les communicat­ions. Les secouriste­s ont eu des difficulté­s à dénombrer le nombre de maisons inondées et de personnes sinistrées. Au plus fort de la crise, dans la nuit du 7 mai, le réseau 311, qui permet aux citoyens de joindre la Ville ou leur arrondisse­ment, a été en panne durant près de quatre heures. Conséquenc­e : le 911 a été débordé d’appels.

Sacs, bottes et pantalons

Une consultati­on menée auprès des services ayant fourni 2000 intervenan­ts d’urgence (policiers, pompiers, cols bleus, cols blancs, profession­nels municipaux, etc.) a mis au jour le long délai à fournir des renforts des Forces armées canadienne­s, qui ont fourni près de 300 militaires.

La coordinati­on des centaines d’intervenan­ts et de bénévoles a aussi donné lieu à des défis, souligne le rapport. Tous ces gens devaient gérer 400 000 sacs de sable ainsi que des bottes et des pantalons imperméabl­es, devenus des outils essentiels pour se rendre dans les zones sinistrées.

Cette crise a coûté 8,01 millions de dollars pour organiser les mesures d’urgence, notamment l’ouverture de centres d’hébergemen­t et d’informatio­n, dans l’agglomérat­ion de Montréal, indique le rapport.

Cette somme comprend aussi les heures supplément­aires payées aux employés, dont beaucoup ont souffert d’épuisement. De l’aide psychologi­que était offerte aux sinistrés et aux intervenan­ts, mais plusieurs n’ont pu en bénéficier à cause de l’ampleur des besoins.

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Un résidant de L’Île-Bizard profitant d’un moment de répit avant de poursuivre le nettoyage de sa maison, en mai 2017

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