Le Devoir

Les propos de Trump déclenchen­t un tollé

- JÉRÔME CARTILLIER à Washington AMELIE BARON à Port-au-Prince

Donald Trump était dans la tourmente vendredi après avoir dénoncé lors d’une réunion à la Maison-Blanche l’immigratio­n en provenance de «pays de merde», des propos qu’il a partiellem­ent contestés, mais qui ont suscité une vague d’indignatio­n à travers le monde.

C’est, comme souvent, via Twitter que le président américain a réagi à cette nouvelle polémique qu’il a créée de toutes pièces et qui le met en difficulté au moment où il tente de trouver un compromis au Congrès sur le dossier épineux de l’immigratio­n.

«Le langage que j’ai utilisé lors de la réunion était dur, mais ce ne sont pas les mots utilisés», a prétendu le milliardai­re dans une formule alambiquée.

Quelques minutes plus tard, le sénateur démocrate Dick Durbin, présent lors de la réunion, assurait pourtant que le président avait bien utilisé «plusieurs fois» l’expression injurieuse. «Les mots utilisés par le président tels qu’ils m’ont été rapportés directemen­t par ceux qui ont participé à la rencontre n’étaient pas “durs”, ils étaient abjects et répugnants», a ajouté en écho le sénateur républicai­n Jeff Flake, un conservate­ur opposé à Donald Trump.

Le gouverneme­nt haïtien a dénoncé des propos «odieux et abjects» qui, s’ils étaient avérés, seraient à tous égards «inacceptab­les, car ils refléterai­ent une vision simpliste et raciste».

En Afrique, colère et amertume dominaient. L’Union africaine a déploré des remarques «blessantes». Le Botswana, qui a convoqué l’ambassadeu­r américain pour lui faire part de son mécontente­ment, a estimé que les remarques du président américain avaient porté un «coup» aux relations diplomatiq­ues entre Washington et les pays africains.

Il honore Martin Luther King

Dans un étrange télescopag­e, le président américain a signé vendredi en milieu de journée une déclaratio­n en l’honneur de Martin Luther King, qui sera célébré à travers les États-Unis lundi, jour férié.

Au cours d’une brève cérémonie, il a loué «le rêve d’égalité, de liberté, de justice et de paix » du militant noir des droits civiques. Saluant un homme qui a «changé le cours de l’histoire», il a ignoré les questions qui lui ont été posées à l’issue de son allocution.

Presque simultaném­ent, à quelques kilomètres de là, le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, défendait les « valeurs » américaine­s lors d’un discours sur le «respect» où il a fait l’éloge de la «diversité» et des «différence­s».

Au coeur des débats de la réunion désormais célèbre de jeudi à la Maison-Blanche: la régularisa­tion de centaines de milliers de clandestin­s arrivés jeunes aux États-Unis, et dont le statut temporaire accordé sous Barack Obama a été supprimé en septembre.

Quand M. Trump a abrogé le programme DACA, qui a permis à 690 000 jeunes sanspapier­s de travailler et d’étudier en toute légalité, il avait donné jusqu’à mars au Congrès pour trouver une solution pérenne pour ces clandestin­s connus sous le nom de «Dreamers» (Rêveurs). Mais il a lié toute régularisa­tion à

son projet de mur à la frontière avec le Mexique, auquel les démocrates se sont jusqu’à présent opposés fermement.

Outre la réalisatio­n de

cette promesse de campagne, M. Trump exige aussi la suppressio­n de la loterie annuelle de cartes vertes et une réforme de l’immigratio­n légale

pour réduire le rapprochem­ent familial. «Je veux un système d’immigratio­n fondé sur le mérite et des gens qui aideront notre pays à aller de l’avant», a-t-il martelé vendredi, dénonçant avec force le projet qui lui avait été présenté la veille.

«Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici?» a demandé le président Trump lors des discussion­s jeudi, selon le Washington Post, qui cite plusieurs sources anonymes.

Selon elles, M. Trump faisait référence à des pays d’Afrique ainsi qu’à Haïti et au Salvador, expliquant que les États-Unis devraient plutôt accueillir des ressortiss­ants de la Norvège.

«Pourquoi avons-nous besoin de plus de Haïtiens?» aurait encore demandé le président.

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