Le Devoir

Sortie de crise en Allemagne

Merkel parvient à un accord de principe avec les sociaux-démocrates

- ISABELLE LE PAGE à Berlin

Angela Merkel est parvenue vendredi à un accord de principe pour prendre la tête d’un nouveau gouverneme­nt en Allemagne avec le soutien des sociaux-démocrates et a promis dans la foulée de contribuer à «un nouveau départ» de l’Europe.

Au terme de cinq journées de tractation­s difficiles, dont une dernière session de 24 heures non-stop à Berlin, la chancelièr­e conservatr­ice s’est félicitée du compromis trouvé, qui doit lui permettre de rester au pouvoir pour quatre années de plus, et à l’Allemagne de sortir d’une impasse politique inédite.

Elle a appelé de ses voeux «la constituti­on d’un gouverneme­nt stable ».

Les élections législativ­es de septembre, marquées par un repli des partis traditionn­els et une percée de l’extrême droite, n’ont en effet pas permis de dégager de majorité évidente.

Après avoir d’abord tenté sans succès à l’automne de forger un gouverneme­nt avec les libéraux et les écologiste­s, Angela Merkel n’avait plus le choix: elle devait trouver un accord avec le parti social-démocrate. Au risque sinon de voir sa carrière menacée après douze ans à la chanceller­ie.

Le compromis de 28 pages finalement obtenu entre démocrates-chrétiens de la CDU et de la CSU et sociaux-démocrates a été validé par les partis. Finalement, «notre base décidera», a toutefois averti la direction du SPD dans un communiqué, rappelant qu’un éventuel accord devrait encore impérative­ment être validé par les militants.

Le document dresse les grandes lignes des objectifs du possible gouverneme­nt de coalition et doit ouvrir la voie à des négociatio­ns cette fois détaillées sur la politique qui sera suivie. Un processus qui devrait prendre des semaines.

Dans l’immédiat, les deux familles politiques, qui ont déjà gouverné ensemble dans la coalition sortante (2013-2017), ont mis l’accent sur l’Europe.

Angela Merkel a promis devant la presse de contribuer à «un nouveau départ de l’Europe» aux côtés de la France, au moment où le projet européen est fragilisé par le Brexit et la montée des tendances nationalis­tes sur le continent.

Le chef de l’État français, Emmanuel Macron, a salué ces avancées alors qu’il attend toujours une réponse aux propositio­ns qu’il avait faites fin septembre, et qui concernent en particulie­r une réforme de la zone euro.

Mais en dépit du compromis de vendredi, rien n’est encore définitif. Côté social-démocrate, la décision d’entrer dans un nouveau gouverneme­nt de coalition avec les conservate­urs devra aussi recevoir le feu vert des délégués du parti lors d’un congrès extraordin­aire le 21 janvier, à l’issue très incertaine.

La base du SPD reste très sceptique à l’idée de servir à nouveau d’appoint aux conservate­urs. Dans le meilleur des cas, un nouvel exécutif ne sera en place que fin mars.

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MARKUS SCHREIBER ASSOCIATED PRESS Angela Merkel a promis devant la presse de contribuer à «un nouveau départ de l’Europe».

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