Le Devoir

Pénaliser les travailleu­rs d’un Tim Hortons en Ontario est « dégueulass­e », dit la FTQ

- LIA LÉVESQUE

En réduisant les avantages de ses employés qui venaient d’obtenir le salaire minimum de 14$ l’heure, un Tim Hortons de l’Ontario a agi de façon «dégueulass­e», estime le président de la FTQ, Daniel Boyer, dont la centrale a justement réussi à syndiquer certains travailleu­rs de Tim Hortons au Québec. Mais M. Boyer n’applaudit pas pour autant à l’idée de boycotter Tim Hortons, comme certains l’ont proposé sur les réseaux sociaux.

Au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne, le président de la plus grande centrale syndicale du Québec a indiqué que la FTQ n’est pas très encline aux boycottage­s.

«À la FTQ, on n’a jamais été chauds, chauds, chauds à des boycottage­s. Dans le passé, on n’en a pas fait beaucoup. Une chose est certaine, quand il y a un boycottage, il faut que ce soit adopté par les instances de la FTQ. Et on n’en est pas là », puisque le salaire minimum n’est que de 11,25 $ au Québec et qu’aucun employeur n’a agi comme le Tim Hortons ontarien.

M. Boyer trouve tout de même odieuse l’attitude de ce Tim Hortons, qui a notamment supprimé les pauses payées de ses employés pour compenser la hausse du salaire minimum de 11,60$ à 14$. «Je trouve ça dégueulass­e, à la limite. […] On entend plusieurs arguments de petites et moyennes entreprise­s qui n’y arriveront peut-être pas. Mais, dans ce cas-là, on n’est pas dans le cadre d’une petite et moyenne entreprise. C’est un géant multinatio­nal et l’argent lui sort par les oreilles. Et il vient nous dire : “On va payer 14 $ l’heure, mais on va venir toucher les autres conditions de travail.” C’est un peu fou, là», a tonné M. Boyer.

Il avoue cependant que, si un employeur du Québec en venait à agir comme le Tim Hortons en Ontario, la question d’un éventuel boycottage mériterait d’être étudiée par la FTQ. « C’est un débat à venir. Je vous avoue que, s’il y avait des employeurs qui voulaient diminuer les autres conditions de travail, suite à l’augmentati­on du salaire minimum, on aurait à dénoncer ça haut et fort. Puis, on s’interroger­ait bien sûr sur la possibilit­é d’un boycottage», prévient le président de la centrale, qui compte plus de 600 000 membres.

Le quotidien La Voix de l’Est avait toutefois rapporté, en mai dernier, que le propriétai­re de deux Tim Hortons de Cowansvill­e avait décidé d’abolir les deux pauses payées de ses employés pour compenser l’augmentati­on du salaire minimum au Québec, qui était alors passé de 10,75$ à 11,25$ l’heure.

Au Québec, c’est justement la FTQ qui a lancé le combat pour le salaire minimum à 15$, le 1er mai 2016. Et depuis, elle se bat sans relâche pour l’obtenir, tant pour ses membres à bas salaire que pour les travailleu­rs non syndiqués.

À la FTQ, c’est le Syndicat des Métallos qui a réussi à obtenir deux accréditat­ions syndicales pour quatre restaurant­s Tim Hortons sur la Côte-Nord. Les travailleu­rs de ces Tim Hortons sont donc syndiqués, mais ils n’ont pas encore leur première convention collective. Ils sont actuelleme­nt en processus d’arbitrage pour la première convention.

Certains syndicats affiliés à la FTQ ont obtenu le salaire minimum de 15$, depuis le début de leur combat, notamment la section locale 298 du Syndicat québécois des employés de services, pour des préposés aux bénéficiai­res qui travaillen­t dans des résidences privées pour personnes âgées. Il en est de même pour 4000 étudiants de l’Université de Montréal qui travaillen­t à l’admission ou lors des journées «portes ouvertes».

 ?? CHRIS YOUNG LA PRESSE CANADIENNE ?? Des membres de l’Ontario Federation of Labour manifestai­ent devant un restaurant Tim Hortons, mercredi à Toronto.
CHRIS YOUNG LA PRESSE CANADIENNE Des membres de l’Ontario Federation of Labour manifestai­ent devant un restaurant Tim Hortons, mercredi à Toronto.
 ?? RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE ?? Le président de la FTQ, Daniel Boyer, n’est pas chaud à l’idée d’un boycottage des Tim Hortons.
RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE Le président de la FTQ, Daniel Boyer, n’est pas chaud à l’idée d’un boycottage des Tim Hortons.

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