Attention, c’est chaud !
Sans tout dire ni tout dévoiler, le cinéma d’ailleurs échappe encore à la pudibonderie
Un espace de liberté, le grand écran? Oui, selon les époques, les cultures ou les sensibilités locales. Certains cinéastes lèvent le voile sur des préjugés ou des sujets délicats; d’autres préfèrent un dénuement physique ou psychologique qui suscite l’inconfort ou les regards curieux.
Ainsi, s’amouracher d’un prêtre, il n’y a pas si longtemps, était considéré comme un péché mortel. Or, ce n’est pas ce qui va arrêter Marine Vatch dans La confession
(9 février), de Nicolas Boukhrief, même dans un petit village français pendant la Deuxième Guerre mondiale. Elle craquera pour Romain Duris, qui reprend le rôle, et le col romain, tenu jadis par Jean-Paul Belmondo face à Emmanuelle Riva dans Léon Morin, prêtre, de JeanPierre Melville.
La transsexualité suscite encore l’incompréhension, mais ceux et celles qui croient que la nature leur a joué un sale tour savent le prix à payer pour ce changement radical. C’est le cas de Farid, devenu Lola, qui arbore les traits, la voix et la démarche de Fanny Ardant dans Lola Pater (10 février), de Nadir Moknèche.
Le sujet a aussi inspiré le cinéaste chilien Sebastián Lelio dans A Fantastic Woman (16 février), avec la présence de l’actrice trans Daniela Vega, ici en amoureuse éplorée après la mort de son amant aux cheveux blancs, lui dont la famille ignorait tout de ses préférences sexuelles et sentimentales.
L’amour au temps des cougars
Les stars déchues doivent aussi vivre des deuils, et l’une d’entre elles a trouvé du réconfort dans les bras d’un jeune homme interprété par celui qui fut le petit Billy Elliot, maintenant l’athlétique Jamie Bell. Dans Film Stars Don’t Die in Liverpool (9 février), de Paul McGuigan, il va
succomber au charme d’Annette Bening, ou plutôt de celle qu’elle incarne, soit l’actrice oscarisée Gloria Grahame, assurément la mère de toutes les cougars, dont la vie fut ponctuée de mariages ratés et d’unions scandaleuses.
Malgré un soleil de plomb, les choses sont tout aussi sombres dans L’atelier (13 avril), de Laurent Cantet (Entre les murs), nouvelle incursion du cinéaste français du côté de l’enseignement. Il se concentre cette fois sur la relation équivoque entre une romancière (Marina Fois) et un jeune participant de son atelier d’écriture dont la beauté juvénile camoufle mal sa révolte et sa sympathie pour les idées de l’extrême droite.
Dans Normandie nue (1er juin), du sensible et doué Philippe Le Guay
(Molière à bicyclette, Floride), point de mystère… et tout le monde tout nu! Car, pour sauver un petit village des ravages de la crise économique, un photographe visiblement inspiré du célèbre Spencer Tunick propose à ses habitants de se déshabiller devant son appareil photo, pour la bonne cause. L’idée va plaire au solide François Cluzet, mais il aura fort à faire pour convaincre ses concitoyens. Côté sensualité, on repassera, mais pour l’humour, aucune déception possible.