Le Devoir

Ménage tes transports

Liam Neeson une fois encore dans le pétrin, dans le feu de l’action... et dans la routine

- ANDRÉ LAVOIE

Avec à peine quelques années de moins, Liam Neeson aurait sans doute bataillé ferme pour obtenir sa place dans l’univers tapageur des superhéros, lui permettant ainsi d’assouvir sa soif d’en découdre avec les vilains de toutes les galaxies.

Depuis The Taken, de Pierre Morel, l’acteur à la mine sombre et à la voix rocailleus­e s’amuse à jouer au bagarreur vieillissa­nt grâce à son associatio­n avec Jaume Collet-Serra. Car après Unknown, Non-Stop et Run

All Night, Neeson était encore prêt pour une autre corrida signée par le cinéaste originaire de Barcelone, cette fois en train, et à New York en plus, là où le réseau de transport collectif fait tous les jours les manchettes pour son état de décrépitud­e avancée. Il y aurait là un film d’horreur à réaliser, mais le tandem affiche d’autres préoccupat­ions.

Avec toujours la même ferveur, Jaume Collet-Serra pige allègremen­t dans l’immense vivier créatif d’Alfred Hitchcock, qui lui aussi s’est inspiré des trains pour y enfermer ses personnage­s ou se permettre des métaphores sexuelles, la plus célèbre étant la finale de North by Northwest. Et avec sa vague ressemblan­ce à Eva Marie Saint, Vera Farmiga possède cette allure glaciale qui aurait plu au maître du suspense, présente ici de manière furtive pour offrir à Michael (Neeson) une propositio­n étonnante, et lucrative.

Car ce vendeur d’assurances vient tout juste d’apprendre son congédieme­nt, et il croule sons les dettes. Cette mission, si d’aventure il l’accepte, consiste à découvrir l’identité d’un passager précieux pour ceux qui vont mener cet ancien policier par le bout du nez, le menaçant de s’en prendre à sa famille s’il n’accomplit pas sa tâche, ayant déjà mis la main sur quelques billets verts camouflés dans les toilettes d’un wagon.

La suite, tissée par trois scénariste­s dont deux à leurs premières armes, étire jusqu’à l’excès un voyage démesuréme­nt long, reprenant aussi cette idée bien hitchcocki­enne sur l’art de tuer selon la forme du décor. Dans The Commuter, les portes coulissant­es, les haches de secours et les barres verticales deviennent souvent les meilleurs alliés de cette marionnett­e virile téléguidée par des esprits corrompus. L’homme n’a d’ailleurs rien perdu de sa dextérité — Michael est un ancien policier, détail non négligeabl­e —, plongeant ses ennemis dans l’embarras et les derniers passagers du train dans une admiration béate.

Ce qui s’annonçait comme un jeu quasi cérébral sur l’art de dénicher l’intrus dans la foule devient vite une autre course contre la montre, et un potentiel dérailleme­nt dans un déploiemen­t contrôlé, et minimalist­e, d’effets spéciaux. Là encore, au milieu de la ferraille tordue et des wagons catapultés loin des rails, la justice et les forces de l’ordre retrouvent leurs lettres de noblesse, tandis que le clan familial du héros un temps fragilisé se recompose dans une unité bienveilla­nte. En cela, ce film qui file plus vite qu’un train Amtrak arrive bel et bien à destinatio­n, station « Petite-Morale-Prévisible ».

Dernier arrêt (V.F. de The Commuter)

1/2 Thriller de Jaume Collet-Serra. Avec Liam Neeson, Vera Farmiga, Patrick Wilson, Sam Neil. États-Unis, 2017, 106 minutes.

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VVS FILMS Vera Farmiga fait une propositio­n étonnante et lucrative à Liam Neeson.

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