Chanter et rien d’autre
Karaoké s’invite dans l’univers des chanteurs d’un soir qui ne rêvent d’aucun lendemain
Délicieuse incursion dans l’univers des chanteurs d’un soir, la série Karaoké entonne un air connu en mettant l’accent sur des notes souvent passées inaperçues. L’approche, qui allie documentaire et téléréalité, est portée par la folie passionnée de Léane Labrèche-Dor et Martin Proulx, complices à la ville comme à la scène de ces soirées enfiévrées depuis la prime adolescence.
L’idée est de faire corps avec cette communauté tissée serré qui n’a rien à faire du vedettariat et de ses mirages, mais veut simplement honorer le geste pur de chanter dans sa générosité la plus désintéressée. Ce qu’on fait ici, «c’est de l’art-thérapie», résume Martin Proulx en guise d’introduction.
Ensemble, les deux amis vont écumer les bars dans le but de rassembler une troupe d’amateurs. «C’est très Molière. On fait ça comme dans l’temps», s’amuse Léane Labrèche-Dor, qui s’émerveille des perles sur lesquelles ils tombent (impayable Ginette, attendrissant Roger, déroutante Dominique) grâce à ce « casting sauvage» où le jugement n’a pas droit de cité. Leur but? Faire chanter cette troupe improvisée sur la scène de l’Olympia.
Sans fards inutiles, la réalisation mise sur l’authenticité en affichant sciemment ses fils. Surtout, elle se refuse à masquer les transitions laborieuses qui viennent parfois s’intercaler au gré des rencontres désorganisées, encore plus à gommer les douloureuses envolées aiguës qui percent la scène de temps en temps. À raison. Si les oreilles cillent à l’occasion, le sourire, lui, reste bien accroché.