Le Devoir

Actualités › La grande tournée.

- MARCO BÉLAIR-CIRINO à Québec

Le premier ministre Justin Trudeau s’est arrêté à Québec, jeudi, dans le cadre de la tournée qui lui permet d’avoir un contact direct avec les citoyens.

Quelque 900 personnes avaient afflué, sur les tempos allants des morceaux Alors on danse de Stromae et C’est la vie de Khaled, dans le gymnase de l’école secondaire De Rochebelle pour participer à une assemblée publique avec le premier ministre Justin Trudeau, qui était en bras de chemise.

Le premier ministre Justin Trudeau ne relancera pas de négociatio­n constituti­onnelle, sauf si «tout est à la veille de briser» dans la fédération, ont-ils appris.

«Si on était dans un moment où on pourrait pointer quelque chose dans la Constituti­on et dire: à cause de ceci ou cela, on ne fonctionne pas en tant que pays, tout est à la veille de briser, là je dirais: “Ah, peut-être qu’on devra avoir des conversati­ons là-dessus” », a-t-il déclaré lors de l’assemblée publique jeudi soir. «Mais, si ce n’est qu’à des fins politiques, du symbolisme, pour toutes sortes de bonnes raisons, [mais sans] but précis et urgent, je préfère ne pas embarquer. »

M. Trudeau avait quelques minutes plus tôt anéanti tout espoir d’une jeune de voir le Sénat — «une sorte de maison de retraite pour les anciens libéraux et les anciens conservate­urs», selon la citoyenne — aboli sous sa gouverne. Le chef du gouverneme­nt dit s’être évertué à «changer le Sénat», notamment en éjectant les sénateurs du caucus libéral afin qu’ils puissent être « indépendan­ts d’esprit ».

«Je ne dis pas que ce serait une chose horrible d’améliorer certains éléments de la Constituti­on. Ce que je dis, c’est que l’énergie politique qui serait impliquée, les conversati­ons interminab­les et les débats constituti­onnels prendraien­t tout l’oxygène politique de notre système pendant des années», a-t-il poursuivi, après avoir tourné le dos à l’unifolié démesuré (et quelque peu froissé) suspendu au mur.

Exercice non sans risques

M. Trudeau avait paré certains coups, mais pas tous.

Dès l’aube, il s’était efforcé d’apaiser les inquiétude­s de la population sur l’avenir du chantier maritime Davie, qui est à court de contrats. La Garde côtière canadienne amorcera des « négociatio­ns» avec Davie en vue de l’achat de brise-glaces vendredi sur le coup de 9h, a-t-il annoncé à l’émission matinale de la radio de Radio-Canada.

Ottawa en nécessiter­a « trois ou quatre », a-t-il précisé en soirée devant les quelque 900 personnes rassemblée­s dans le gymnase de l’école secondaire De Rochebelle.

L’important employeur de Lévis ne se fera pas damer le pion, une nouvelle fois, par les chantiers navals Irving, à Halifax, et Seaspan, à Vancouver. «C’est la Davie qui a l’exclusivit­é sur la vente», a souligné M. Trudeau. Le temps presse, a fait valoir une participan­te, rappelant que des dizaines et des dizaines de familles seront plongées dans un « trou noir ».

M. Trudeau attendait aussi une question sur le pont de Québec. Il l’a eue. «Il est tout rouillé!» s’est insurgé un agent touristiqu­e, demandant à M. Trudeau de repeindre le plus long pont cantilever du globe. Après avoir insisté sur l’état «parfaiteme­nt sécuritair­e» de l’infrastruc­ture, M. Trudeau a évoqué des «négociatio­ns» avec le CN.

Des questions et demandes-surprises ont aussi surgi durant la soirée: parité femmehomme au Parlement canadien, déboires du système de paie Phénix, aide médicale à mourir, traçabilit­é des ingrédient­s…

Une jeune immigrante d’origine brésilienn­e lui a dit s’inquiéter de la présence accrue de l’anglais à Montréal. «Montréal est une ville d’une province francophon­e. Je crois que c’est vraiment important de valoriser davantage le français. […] J’aime ça, quand je suis dans ma province, parler en français.» Or, elle dit se heurter à des locuteurs anglophone­s dans les restaurant­s et les hôtels de la métropole.

Après avoir remercié la jeune femme «pour ce magnifique français [qu’elle a] appris », M. Trudeau a fait un plaidoyer pour l’apprentiss­age des deux langues officielle­s d’une rive à l’autre du Canada. «Si on veut que le Canada demeure un pays bilingue, il faut [reconnaîtr­e] que le Québec doit rester toujours d’abord et avant tout francophon­e », a-t-il fait valoir.

Une dame a déploré l’«indifféren­ce» du premier ministre face aux demandes des citoyens d’une voie de contournem­ent à Lac-Mégantic, à distance du centre-ville.

M. Trudeau a quitté la salle non sans s’être préalablem­ent prêté à plusieurs égoportrai­ts. «On va arrêter ça. Les gens sont hystérique­s», a lancé un caméraman bousculé par des personnes de tous âges en quête d’une photo avec le premier ministre, dans certains cas, à défaut d’une réponse à leur question.

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JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE En journée, le premier ministre Justin Trudeau est allé rencontrer le maire de Québec, Régis Labeaume. En soirée, il a répondu aux questions du public lors d’une assemblée dans le gymnase d’une école.

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