Actualités › La grande tournée.
Le premier ministre Justin Trudeau s’est arrêté à Québec, jeudi, dans le cadre de la tournée qui lui permet d’avoir un contact direct avec les citoyens.
Quelque 900 personnes avaient afflué, sur les tempos allants des morceaux Alors on danse de Stromae et C’est la vie de Khaled, dans le gymnase de l’école secondaire De Rochebelle pour participer à une assemblée publique avec le premier ministre Justin Trudeau, qui était en bras de chemise.
Le premier ministre Justin Trudeau ne relancera pas de négociation constitutionnelle, sauf si «tout est à la veille de briser» dans la fédération, ont-ils appris.
«Si on était dans un moment où on pourrait pointer quelque chose dans la Constitution et dire: à cause de ceci ou cela, on ne fonctionne pas en tant que pays, tout est à la veille de briser, là je dirais: “Ah, peut-être qu’on devra avoir des conversations là-dessus” », a-t-il déclaré lors de l’assemblée publique jeudi soir. «Mais, si ce n’est qu’à des fins politiques, du symbolisme, pour toutes sortes de bonnes raisons, [mais sans] but précis et urgent, je préfère ne pas embarquer. »
M. Trudeau avait quelques minutes plus tôt anéanti tout espoir d’une jeune de voir le Sénat — «une sorte de maison de retraite pour les anciens libéraux et les anciens conservateurs», selon la citoyenne — aboli sous sa gouverne. Le chef du gouvernement dit s’être évertué à «changer le Sénat», notamment en éjectant les sénateurs du caucus libéral afin qu’ils puissent être « indépendants d’esprit ».
«Je ne dis pas que ce serait une chose horrible d’améliorer certains éléments de la Constitution. Ce que je dis, c’est que l’énergie politique qui serait impliquée, les conversations interminables et les débats constitutionnels prendraient tout l’oxygène politique de notre système pendant des années», a-t-il poursuivi, après avoir tourné le dos à l’unifolié démesuré (et quelque peu froissé) suspendu au mur.
Exercice non sans risques
M. Trudeau avait paré certains coups, mais pas tous.
Dès l’aube, il s’était efforcé d’apaiser les inquiétudes de la population sur l’avenir du chantier maritime Davie, qui est à court de contrats. La Garde côtière canadienne amorcera des « négociations» avec Davie en vue de l’achat de brise-glaces vendredi sur le coup de 9h, a-t-il annoncé à l’émission matinale de la radio de Radio-Canada.
Ottawa en nécessitera « trois ou quatre », a-t-il précisé en soirée devant les quelque 900 personnes rassemblées dans le gymnase de l’école secondaire De Rochebelle.
L’important employeur de Lévis ne se fera pas damer le pion, une nouvelle fois, par les chantiers navals Irving, à Halifax, et Seaspan, à Vancouver. «C’est la Davie qui a l’exclusivité sur la vente», a souligné M. Trudeau. Le temps presse, a fait valoir une participante, rappelant que des dizaines et des dizaines de familles seront plongées dans un « trou noir ».
M. Trudeau attendait aussi une question sur le pont de Québec. Il l’a eue. «Il est tout rouillé!» s’est insurgé un agent touristique, demandant à M. Trudeau de repeindre le plus long pont cantilever du globe. Après avoir insisté sur l’état «parfaitement sécuritaire» de l’infrastructure, M. Trudeau a évoqué des «négociations» avec le CN.
Des questions et demandes-surprises ont aussi surgi durant la soirée: parité femmehomme au Parlement canadien, déboires du système de paie Phénix, aide médicale à mourir, traçabilité des ingrédients…
Une jeune immigrante d’origine brésilienne lui a dit s’inquiéter de la présence accrue de l’anglais à Montréal. «Montréal est une ville d’une province francophone. Je crois que c’est vraiment important de valoriser davantage le français. […] J’aime ça, quand je suis dans ma province, parler en français.» Or, elle dit se heurter à des locuteurs anglophones dans les restaurants et les hôtels de la métropole.
Après avoir remercié la jeune femme «pour ce magnifique français [qu’elle a] appris », M. Trudeau a fait un plaidoyer pour l’apprentissage des deux langues officielles d’une rive à l’autre du Canada. «Si on veut que le Canada demeure un pays bilingue, il faut [reconnaître] que le Québec doit rester toujours d’abord et avant tout francophone », a-t-il fait valoir.
Une dame a déploré l’«indifférence» du premier ministre face aux demandes des citoyens d’une voie de contournement à Lac-Mégantic, à distance du centre-ville.
M. Trudeau a quitté la salle non sans s’être préalablement prêté à plusieurs égoportraits. «On va arrêter ça. Les gens sont hystériques», a lancé un caméraman bousculé par des personnes de tous âges en quête d’une photo avec le premier ministre, dans certains cas, à défaut d’une réponse à leur question.