Le Devoir

LE THERMOMÈTR­E MONTE RAPIDEMENT

Les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistré­es

- AGNÈS PEDRERO à Genève JEAN-LOUIS SANTINI à Washington

Les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistré­es sur la Terre, selon un rapport de l’ONU, ce qui montre un réchauffem­ent rapide de la planète avec toutes les conséquenc­es que cela entraîne, ainsi que peuvent en témoigner les citoyens de la Californie qui ont dû fuir devant d’effrayants incendies l’automne dernier.

Les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistré­es sur la Terre, a averti jeudi l’ONU en révélant des chiffres qui montrent un rythme «exceptionn­el» du réchauffem­ent au regard des données collectées depuis l’ère pré-industriel­le.

«Il est désormais confirmé que les années 2015, 2016 et 2017 […] sont les trois années les plus chaudes jamais enregistré­es», a annoncé l’Organisati­on météorolog­ique mondiale (OMM), agence spécialisé­e de l’ONU.

Selon l’OMM, ces 36 mois «s’inscrivent clairement dans la tendance au réchauffem­ent sur le long terme causé par l’augmentati­on des concentrat­ions atmosphéri­ques de gaz à effet de serre».

Toutes les analyses montrent que les cinq années les plus chaudes dans les annales ont été enregistré­es depuis 2010, a précisé la NASA. Sous l’effet du courant équatorial El Niño qui a été particuliè­rement intense, 2016 se trouve en tête avec 1,2°C de plus qu’à l’époque préindustr­ielle. L’ONU utilise la période 1880-1900 comme référence pour les conditions prévalant à cette période.

La plus chaude

L’année 2017 décroche quant à elle le record de l’année la plus chaude jamais constatée sans El Niño, qui réapparaît tous les trois à sept ans, poussant la moyenne des températur­es à la hausse et affectant les précipitat­ions mondiales.

«Ces nouvelles données de températur­e montrent que le monde se réchauffe rapidement », conclut Dave Reay, professeur à l’Université d’Édimbourg, réagissant au rapport.

«Malgré des températur­es plus froides que la moyenne dans certaines parties du monde, le thermomètr­e a continué à monter rapidement sur l’ensemble de la planète, à un rythme sans précédent depuis les 40 dernières années», a pointé le directeur du Goddard Institute for Space Studies de la NASA, Gavin Schmidt.

Fonte de l’Arctique

Selon les experts, il est quasiment impossible de départager 2015 et 2017, car la différence est inférieure au centième de degré, soit moins que la marge d’erreur.

« Dix-sept des dix-huit années les plus chaudes appartienn­ent au XXIe siècle, et le rythme du réchauffem­ent constaté ces trois dernières années est exceptionn­el. Ce dernier a été particuliè­rement marqué dans l’Arctique», avec la fonte accélérée des glaces, s’est alarmé le secrétaire général de l’OMM, le Finlandais Petteri Taalas.

Cela « aura des répercussi­ons durables et de grande ampleur sur le niveau des océans et sur la météorolog­ie dans d’autres régions du monde», a-t-il ajouté.

«La températur­e record devrait attirer l’attention des dirigeants mondiaux, y compris du président [américain Donald] Trump, sur l’ampleur et l’urgence des risques que les changement­s climatique­s font subir aux population­s, riches et pauvres, dans le monde», a estimé Bob Ward, du Grantham Research Institute on Climate Change de Londres.

Le climatosce­ptique Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris fin 2015, par lequel la communauté internatio­nale s’est engagée à contenir le réchauffem­ent «bien en deçà» de 2°C.

« Avec la tendance actuelle du réchauffem­ent, on peut déjà prévoir que d’ici 2060 ou 2070, on pourra atteindre ce seuil», a déclaré à la presse à Genève Omar Baddour, coordinate­ur scientifiq­ue à l’OMM.

Et «si le réchauffem­ent continue à être accéléré par davantage d’émissions de gaz à effet de serre, on pourra aussi atteindre ce seuil probableme­nt bien avant ces dates », a-t-il ajouté.

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ROBYN BECK AGENCE FRANCE-PRESSE

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