Le Devoir

Québec révisera ses pratiques d’isolement carcéral

- MARIE-MICHÈLE SIOUI Correspond­ante parlementa­ire à Québec Avec Marie Vastel Le Devoir

Québec a confirmé jeudi avoir l’intention de réviser ses directives en matière d’isolement carcéral, au lendemain d’un jugement qui a statué que l’isolement préventif prolongé des personnes détenues est inconstitu­tionnel.

Un juge de la Cour suprême de la Colombie-Britanniqu­e a statué mercredi que les lois encadrant l’isolement dans les prisons fédérales vont à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés, car elles «autorisent et permettent dans les faits un isolement administra­tif prolongé, indéfini ».

Dès le lendemain, l’Ontario s’est entendu avec la Commission ontarienne des droits de la personne afin d’interdire le placement en isolement de personnes ayant des troubles mentaux, à moins de circonstan­ces exceptionn­elles.

Le gouverneme­nt fédéral a quant à lui déposé, en juin, un projet de loi visant à limiter le temps passé en isolement — à 21 jours d’abord, puis à 15 jours, un an et demi après l’entrée en vigueur de sa loi.

À Québec, le ministère de la Sécurité publique ne s’est pas engagé à modifier ses pratiques. Il a néanmoins confirmé avoir l’intention de « tenir compte» des décisions ontarienne et britanno-colombienn­e dans ses travaux. Ceux-ci visent à «mieux définir» et à «réviser ses directives en matière d’isolement», a fait savoir Olivier Cantin, relationni­ste au ministère de la Sécurité publique.

«La décision [de la Cour suprême de la Colombie-Britanniqu­e] n’est pas exécutoire pour le gouverneme­nt du Québec », a-t-il aussi rappelé.

La décision rendue en Colombie-Britanniqu­e concerne la loi canadienne sur le système correction­nel et la mise en liberté sous condition. Celle-ci s’applique dans tous les pénitencie­rs fédéraux, y compris ceux qui se trouvent au Québec.

Dans les établissem­ents de détention relevant du Québec, c’est plutôt la Loi sur le système correction­nel du Québec qui prévaut.

Le jugement rendu dans l’Ouest canadien n’impose pas de plafond sur le nombre de jours qu’une personne incarcérée peut passer en isolement ; il invalide plutôt le fait d’envoyer un détenu au «trou» pour une période de temps indéfinie.

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