Le Devoir

L’UPAC a évoqué six chefs d’accusation possibles

- MARIE-LISE ROUSSEAU Avec Marie-Michèle Sioui Le Devoir

Le député Guy Ouellette a été arrêté par l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) le 25 octobre dernier parce qu’il est soupçonné d’être à l’origine des fuites médiatique­s sur certaines enquêtes menées par le corps policier, dont Mâchurer, qui porte sur le financemen­t du Parti libéral du Québec et vise notamment l’expremier ministre Jean Charest.

C’est ce que révèlent les documents déposés en cour par l’UPAC pour obtenir ses mandats de perquisiti­on visant le député de Chomedey.

Ces dossiers, totalisant plusieurs centaines de pages, dont la moitié seraient caviardées, ont été transmis par la cour à un regroupeme­nt de médias dont Le Devoir ne fait pas partie.

Ils confirment que le corps policier suspecte Guy Ouellette d’avoir transmis des informatio­ns confidenti­elles à des journalist­es, selon les informatio­ns rapportées par Radio-Canada. Pour ce faire, le député aurait eu l’aide de deux complices: Richard Despaties, un retraité de la Sûreté du Québec, et Stéphane Bonhomme, qui y est toujours à l’emploi.

Pour étayer leur thèse, les policiers citent dans ces documents plusieurs reportages publiés au cours des derniers mois au sujet des fuites médiatique­s sur des enquêtes de l’UPAC.

On apprend également que six chefs d’accusation étaient envisagés contre le député. Il s’agit de vol, d’entrave à la justice, de possession de biens criminelle­ment obtenus, de complot, d’abus de confiance et «d’avoir influencé ou négocié une nomination ou d’en avoir fait le commerce », toujours selon la société d’État.

Aucune accusation n’a été portée contre Guy Ouellette plus de trois mois après son arrestatio­n.

Les documents révèlent également que le député libéral a fait l’objet de filature pendant plusieurs mois. Il aurait aussi été aperçu avec une personne qui pourrait être un quatrième complice dans cette affaire. L’identité de cette dernière est caviardée.

Tactique d’appât

Le stratagème employé par les policiers de l’UPAC afin d’appâter Guy Ouellette est par ailleurs détaillé dans les documents, relate RadioCanad­a.

Avec le téléphone cellulaire saisi de M. Despaties, les policiers ont envoyé un message texte à M. Ouellette lui promettant un scoop. Ils lui ont alors donné rendez-vous dans le stationnem­ent d’un établissem­ent de restaurati­on rapide, où un sac de plastique contenant un sac en papier rempli de feuilles blanches l’attendait derrière une borne de recharge de véhicule électrique.

Le député libéral a mordu à l’hameçon et s’est rendu en voiture récupérer le sac et son contenu. L’arrestatio­n a eu lieu au moment où il retournait à son véhicule.

Guy Ouellette n’a pas donné suite aux appels du Devoir jeudi.

Quelques jours après son arrestatio­n, le député de Chomedey avait clamé son innocence, soutenant avoir été victime d’un «coup monté» et d’une «tentative d’intimidati­on sans précédent» de la part de l’UPAC. «Les faits qui me sont reprochés n’ont aucun fondement », avait-il déclaré en Chambre.

Le président de l’Assemblée nationale, Jacques Chagnon, avait pour sa part demandé au corps policier d’«accuser» M. Ouellette ou de «s’excuser» auprès de lui, ce que l’UPAC a refusé de faire.

Le Parti québécois n’a pas souhaité commenter l’affaire jeudi.

«Nous laissons l’UPAC poursuivre son enquête», a pour sa part déclaré l’attaché de presse du caucus de la Coalition avenir Québec, Samuel Poulin.

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