Le Devoir

Un chantier maritime en attente. Justin Trudeau dit vouloir les brise-glace de Davie.

- MYLÈNE CRÊTE à Ottawa

Les négociatio­ns pour la location des quatre brise-glaces du chantier maritime Davie par le gouverneme­nt fédéral débuteront vendredi, a affirmé le premier ministre Justin Trudeau jeudi matin à l’antenne de Radio-Canada à Québec lors de son passage dans la région.

«Demain matin, à 9h, vont commencer les négociatio­ns entre Davie et la Garde côtière pour acheter des brise-glaces, a-t-il dit en entrevue. Oui, c’est une bonne nouvelle. On entre en négociatio­ns, mais on pense qu’on va pouvoir trouver une solution. »

Ces propos semblent avoir causé la surprise parmi les dirigeants de Davie. Ils tranchent avec ceux que le premier ministre avait tenus quelques jours plus tôt lors d’une entrevue avec La Presse canadienne. M. Trudeau n’avait alors rien promis pour les 800 travailleu­rs du chantier mis à pied après la fin des travaux sur le navire de ravitaille­ment Astérix en décembre. Il se disait alors prêt à entendre leurs doléances lors de son passage à Québec.

«On est agréableme­nt surpris de l’intention ferme que M. Trudeau a signalée ce matin à Québec, a déclaré en entrevue le porte-parole de Davie,

On est agréableme­nt surpris de l’intention ferme que M. Trudeau a signalée ce matin à Québec. Pour n ous, c’est une nouvelle ère entre le chantier Davie et le gouverneme­nt Trudeau. Frédérik Boisvert, porte-parole de Davie

Frédérik Boisvert. Pour nous, c’est une nouvelle ère entre le chantier Davie et le gouverneme­nt Trudeau.»

L’entreprise presse le gouverneme­nt depuis quelques mois de lui octroyer de nouveaux contrats. Le chantier situé à Lévis avait été écarté en 2011 de la Stratégie de constructi­on navale élaborée par le gouverneme­nt conservate­ur précédent. L’entreprise connaissai­t alors d’importante­s difficulté­s financière­s.

Environ 300 travailleu­rs pourraient donc retourner travailler sur le chantier, selon les besoins qui seront exprimés par la Garde côtière lors des négociatio­ns. Trois des quatre brise-glaces commerciau­x sur lesquels Davie a mis une option d’achat sont en Europe, tandis que le quatrième est en Floride. L’entreprise estime pouvoir les rapatrier en deux ou trois semaines pour entamer leur conversion. L’un de ces brise-glaces pourrait même être utilisé cet hiver au besoin.

À quand la stratégie de constructi­on navale?

«Tant mieux s’il y a une ouverture enfin sur la question des brise-glaces, a déclaré le premier ministre du Québec, Philippe Couillard. Je salue la déclaratio­n de M. Trudeau, je l’accueille favorablem­ent parce que nos gens ont besoin de travailler. »

Il a rappelé que le chantier a réussi à prouver la qualité de son travail avec l’Astérix. M. Couillard estime que « la discussion n’est pas terminée » sur la commande par Ottawa d’un deuxième navire de ravitaille­ment intérimair­e à Davie et il invite le gouverneme­nt Trudeau à revoir la Stratégie de constructi­on navale pour que le Québec obtienne sa part des prochains contrats.

«Moi, je ne peux pas accepter, comme premier ministre du Québec, que la Davie demeure écartée de ça», a-t-il fait valoir lors d’un événement à Montréal.

La Confédérat­ion des syndicats nationaux (CSN) entend maintenir la pression sur le gouverneme­nt Trudeau même si elle se dit satisfaite du dénouement de jeudi. «Cependant, il ne s’agit que d’une étape pour assurer la pérennité des emplois et de Davie, le plus grand chantier naval au Canada», a souligné son président, Jacques Létourneau, dans un communiqué.

Il révèle qu’il a eu un entretien à ce sujet avec le premier ministre mercredi et que d’autres discussion­s devraient avoir lieu à l’avenir.

Pour le député bloquiste Michel Boudrias, la location des brise-glaces à Davie est l’équivalent «d’un respirateu­r artificiel» qui permet au gouverneme­nt Trudeau de calmer le jeu. « Ce n’est pas assez pour assurer le plein-emploi au chantier », a-t-il fait valoir par communiqué, en soulignant qu’il a bon espoir de pouvoir faire entendre raison au gouverneme­nt.

 ?? JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE ?? L’Astérix, à son inaugurati­on au chantier maritime Davie en juillet. Selon le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, le chantier a réussi à prouver la qualité de son travail avec ce navire.
JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE L’Astérix, à son inaugurati­on au chantier maritime Davie en juillet. Selon le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, le chantier a réussi à prouver la qualité de son travail avec ce navire.

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