Le Devoir

Human Rights Watch salue la « résistance » face aux populismes à travers le monde

- MARIE WOLFROM à Paris FRANCESCO FONTEMAGGI à Washington

Résister aux populismes, c’est possible: sous le choc l’an dernier de l’élection de Donald Trump, Human Rights Watch salue jeudi dans son rapport annuel la «contre-offensive» politique ou citoyenne à travers le monde. Sans baisser la garde face aux crises qui perdurent, du Yémen à la Birmanie.

«Il y a un an, alors que Donald Trump entrait à la Maison-Blanche» aux États-Unis, «nous étions en plein désarroi», se souvient le directeur exécutif de l’organisati­on américaine de défense des droits de la personne, Kenneth Roth, dans un entretien accordé à l’AFP. «On avait l’impression que les populistes autoritair­es étaient en pleine ascension et qu’on ne pouvait rien faire pour les arrêter.»

Alors que son document de référence, qui passe en revue la situation dans plus de 90 pays, dresse habituelle­ment le sombre inventaire des violations des droits de la personne à travers la planète, l’organisati­on non gouverneme­ntale a choisi cette année de mettre l’accent sur un constat optimiste.

Élection de Macron

Si la victoire du nouveau président américain était, aux yeux de l’ONG, la principale mauvaise nouvelle il y a un an, celle de son homologue français, Emmanuel Macron, est vue, dans le rapport 2018, comme «l’exemple le plus frappant du succès de la résistance au populisme xénophobe».

Selon Kenneth Roth, il «a vraiment mené sa campagne en défendant la démocratie et a gagné largement face à une adversaire beaucoup plus intolérant­e et haineuse», la candidate d’extrême droite Marine Le Pen — même si le bilan de ses premiers mois est jugé «mitigé» par les auteurs du rapport, qui épinglent des « pouvoirs antiterror­istes abusifs» et «sa visite en Chine, où il a été très discret sur les droits de la personne ».

«En Europe centrale, des gouverneme­nts populistes autoritair­es ont également rencontré des résistance­s», populaires mais aussi en provenance de l’UE, relève HRW en citant la Pologne et la Hongrie.

Le rapport évoque aussi la mobilisati­on dans la rue contre «les efforts du président Nicolas Maduro pour vider» la démocratie de sa «substance» au Venezuela, ou la «marche des femmes» aux États-Unis qui «s’est transformé­e en un phénomène mondial» pour les droits des femmes avant même la déferlante #MeToo contre le harcèlemen­t sexuel.

Quant aux États-Unis de Donald Trump, «il y a eu une vague de résistance de la part de juges, de dirigeants politiques, de groupes citoyens, mais aussi de l’opinion en général», s’enthousias­me M. Roth.

Conséquenc­es négatives

Le rapport ne contient toutefois pas que des bonnes nouvelles. «Certaines des principale­s puissances sur lesquelles on avait tendance à compter pour la promotion des droits de la personne se sont effacées», déplore Kenneth Roth.

C’est là l’une des principale­s conséquenc­es négatives du gouverneme­nt Trump, absent sur ce front sauf quand il s’agit de dénoncer ses « bêtes noires » comme l’Iran ou le Venezuela, estime-t-il, citant également le Royaume-Uni, «trop préoccupé par le Brexit» pour jouer un rôle de premier plan.

«De ce tableau encore mitigé, Kenneth Roth tire donc une «leçon»: «il y a une bataille en cours» contre les populismes, « et c’est une bataille qui vaut la peine d’être menée ».

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