Le Devoir

Un budget temporaire adopté à Washington

La prolongati­on votée par la Chambre des représenta­nts pour éviter une paralysie partielle du gouverneme­nt fait face à un avenir incertain au Sénat

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Washington — La Chambre des représenta­nts des États-Unis a adopté, jeudi, une mesure de financemen­t temporaire pour éviter une fermeture des administra­tions fédérales, en attendant un vote qui s’annonce plus serré au Sénat.

Les parlementa­ires ont adopté une prolongati­on de quatre semaines — jusqu’au 16 février — par 230 voix contre 197. Le Sénat doit à son tour se prononcer avant vendredi minuit pour éviter de provoquer la fermeture d’un grand nombre d’agences fédérales, mais au moment d’écrire ces lignes, les républicai­ns n’étaient pas certains jeudi soir de pouvoir compter sur les 60 voix nécessaire­s, sur 100 sénateurs.

La majorité républicai­ne soutenait que cette prolongati­on permettait notamment le financemen­t des forces armées et avait offert en échange à la minorité démocrate la pérennisat­ion d’un programme public d’assurance maladie pour les enfants pauvres (CHIP), désormais engagé pour six ans.

Le président Donald Trump a appelé les parlementa­ires à approuver le texte, qui en cas d’échec provoquera­it la paralysie des administra­tions au premier anniversai­re de son investitur­e.

« La Chambre a pris la bonne décision pour nos hommes et femmes en uniforme ET pour les millions d’enfants qui bénéficien­t du CHIP», s’est félicité le président de la Chambre, le républicai­n Paul Ryan, dans un message sur Twitter.

«Les démocrates du Sénat vont-ils aussi prendre la bonne décision, ou vont-ils provoquer une fermeture du gouverneme­nt?» s’est-il interrogé.

Outre le financemen­t du CHIP, les démocrates veulent régler le sort de 690 000 «Dreamers». Ces jeunes, arrivés clandestin­ement aux États-Unis quand ils étaient enfants, sont à la merci d’une expulsion après l’abrogation du programme DACA, datant de l’ère Obama, qui leur offrait un statut de résident temporaire.

Bras de fer

Donald Trump s’est invité jeudi dans les difficiles tractation­s sur un accord budgétaire au Congrès en posant ses conditions et en prenant les républicai­ns à contre-pied.

Il a mis en garde contre une paralysie «dévastatri­ce» pour

le gouverneme­nt, tout en refusant par avance une solution temporaire sur l’un des sujets de blocage, le programme public d’assurance maladie pour les enfants pauvres (CHIP), menacé par la réforme de l’assurance maladie.

La majorité républicai­ne souhaite voir adopter un budget 2018 qui gonfle les dépenses militaires, une promesse de campagne de M. Trump qui estime les forces armées souséquipé­es après plus de 16 ans de guerre ininterrom­pue.

«Nous reconstrui­sons notre

armée [et une fermeture] serait le pire pour elle», a affirmé le président en visite au Pentagone jeudi.

En échange de ses voix, la minorité démocrate veut régler le sort de 690 000 «Dreamers». Les démocrates veulent aussi un financemen­t à long terme du CHIP.

Dans une série de tweets matinaux, le président américain a mis la pression sur le Congrès et sur les démocrates, accusés d’obstructio­n. «Une paralysie du gouverneme­nt aura des conséquenc­es dévastatri­ces sur nos forces armées… dont les démocrates se fichent», a-til lancé. Mais il a affirmé que le CHIP «devrait faire partie d’une solution à long terme, pas d’une extension de 30 jours ou à court terme».

Le président de la Chambre, le républicai­n Paul Ryan, a joué la carte patriotiqu­e en affirmant que les démocrates «continuent à prendre en otage le financemen­t de l’armée contre des questions qui ne sont pas liées et des échéances qui n’existent pas», en référence au sort des «Dreamers».

M. Ryan doit aussi faire face à la grogne de la frange radicale des élus républicai­ns, opposée à toute concession sur les questions d’immigratio­n.

Les républicai­ns sont globalemen­t d’accord pour régularise­rles«Dreamers». Mais Donald Trump exige aussi le financemen­t du mur promis à la frontière avec le Mexique, ainsi que d’autres mesures anti-immigratio­n, dont la fin de ce qu’il appelle «l’immigratio­n en chaîne» (le regroupeme­nt familial) et la suppressio­n de la loterie annuelle de cartes vertes.

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