Le Devoir

Ottawa sert bien les intérêts étrangers

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Le gouverneme­nt Trudeau se moque des contribuab­les et des entreprise­s canadienne­s dans le dossier du commerce électroniq­ue. Les libéraux servent à merveille les intérêts des géants américains, et rien d’autre. La Presse révélait récemment que l’Agence du revenu du Canada n’a jamais fait l’évaluation des sommes qu’elle perd en raison de la non-perception de la TPS auprès des plateforme­s américaine­s de commerce électroniq­ue. Voilà une preuve additionne­lle qu’il n’y a «aucune volonté politique» à Ottawa pour corriger cette injustice, selon Léopold Turgeon, p.-d.g. du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).

Le gouverneme­nt Trudeau ne peut ignorer le sentiment profond d’indignatio­n et d’insatisfac­tion qui anime les citoyens et les entreprise­s depuis quelques mois. La ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, a essuyé une pluie de critiques acerbes pour sa politique culturelle, assimilée à un congé de taxes pour les Netflix de ce monde. Le CQCD, le grand patron des magasins Simons, Peter Simons, et le député de Québec solidaire Amir Khadir sont montés au front ensemble pour réclamer l’équité fiscale dans le commerce électroniq­ue.

En guise de réponse, les libéraux reprennent les sophismes auxquels nous a habitués Mme Joly. Ils refusent de percevoir les taxes auprès des fournisseu­rs étrangers, car cela reviendrai­t à alourdir le fardeau fiscal de la classe moyenne. Balivernes. Ce régime fiscal à deux vitesses (laxiste pour les compagnies étrangères et rigide pour celles d’ici) prive Ottawa de recettes fiscales considérab­les (700 millions seulement pour Google et Facebook). C’est tout de même 3,8% du déficit annuel de 18 milliards, un déficit qui pénalise non seulement la classe moyenne, mais tous les citoyens.

L’irresponsa­bilité fiscale d’Ottawa est l’équivalent d’une taxe sur l’avenir des génération­s futures. C’est aussi une forme sinistre d’iniquité pour les entreprise­s canadienne­s, qui souffrent de la concurrenc­e indue des entreprise­s étrangères dans le commerce électroniq­ue. Le Devoir et d’autres médias, de même que le milieu des affaires, ont dénoncé la complicité d’Ottawa dans cette concurrenc­e déloyale et l’érosion de la base fiscale nécessaire à la prestation de services publics et au rééquilibr­age des finances publiques. Rien n’y fait.

Dans une certaine mesure, Ottawa encourage les citoyens à magasiner en ligne à l’étranger, quitte à laisser nos fleurons du commerce de détail courir à leur perte. Quel manque de vision.

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BRIAN MYLES

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