Le Devoir

La réglementa­tion menace le bitcoin

La France, appuyée de l’Allemagne, souhaite soumettre des propositio­ns au prochain G20 des ministres des Finances pour encadrer la cryptomonn­aie

- GÉRARD BÉRUBÉ Avec l’Agence France-Presse

La multiplica­tion des menaces de réglementa­tion a plombé le bitcoin. La cryptomonn­aie est en chute de quelque 50% depuis la fin de 2017.

La plus connue des monnaies numériques, le bitcoin, vit des moments difficiles depuis le début de l’année. Hier, vers 17 heures, elle s’échangeait à 11 378 $US, après avoir touché un bas en séance de 10 663$US. Le bitcoin flirtait avec la barre des 20 000$US il y a un mois.

Inquiets de cette flambée spéculativ­e des cryptomonn­aies ne reposant sur aucun fondement économique, les gouverneme­nts multiplien­t les appels à la prudence et les intentions de réglementa­tion. Jeudi, la France a reçu l’appui de l’Allemagne dans son intention de présenter des propositio­ns en ce sens au prochain G20 des ministres des Finances, en mars prochain. «Nous avons les mêmes inquiétude­s et nous partageons l’ambition de réguler le bitcoin», a affirmé le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse avec son homologue allemand à Bercy.

M. Le Maire a rappelé avoir confié une mission sur le bitcoin à Jean-Pierre Landau, ancien sous-gouverneur de la Banque de France, afin qu’il propose des évolutions sur sa réglementa­tion.

Mardi, la plus populaire des monnaies virtuelles voyait son cours tomber momentaném­ent sous les 10 000 $US, sous les indication­s voulant que la Corée du Sud imiterait la Chine en interdisan­t les plateforme­s d’échange de cryptomonn­aies sous sa juridictio­n. Séoul a précisé qu’il ne s’agissait que d’une mesure envisagée parmi d’autres.

La Corée du Sud avait déjà resserré sa réglementa­tion en novembre dernier en interdisan­t les échanges anonymes et en renforçant ses mécanismes de lutte contre la criminalit­é utilisant ces monnaies à des fins de blanchimen­t. Puis, une plateforme sud-coréenne d’échange de monnaies se déclarait en faillite après avoir été victime de piratage à deux reprises cette année. La plateforme Youbit avait souligné que l’actif en cryptomonn­aie de ses clients devait être dévalué de 25 %.

En septembre les autorités bancaires chinoises interdisai­ent toute nouvelle émission de cryptomonn­aies par des entreprise­s émettrices. Ces plateforme­s se voyaient également sommer de ne plus convertir leurs unités en devises réelles. Puis, les plateforme­s ont multiplié les fermetures, les autorités chinoises ne leur reconnaiss­ant aucun fondement légal.

La Banque du Japon a également sonné l’alarme dans ce pays pourtant favorable aux monnaies numériques, qui abrite environ 40% des échanges.

Si l’Asie est particuliè­rement friande de ces monnaies spéculativ­es, les craintes se sont propagées ailleurs. L’Autorité israélienn­e de réglementa­tion des marchés financiers a indiqué en décembre envisager d’interdire l’inscriptio­n à la cote de la Bourse de Tel-Aviv des entreprise­s basées sur la cryptomonn­aie. La Commission européenne et la Réserve fédérale américaine ont également exprimé leur inquiétude.

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JACK GUEZ AGENCE FRANCE-PRESSE Jeudi vers 17h, le bitcoin s’échangeait à 11 378$US.

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