Heather O’Neill
Hôtel Lonely Hearts : raconter le Montréal des années folles
La Montréalaise Heather O’Neill, née à Montréal, qui vit à Montréal et qui écrit magnifiquement sur Montréal, est sans doute un des secrets les mieux gardés de la métropole. Pour une des deux moitiés, du moins. Son Daydreams of Angels, devenu La vie rêvée des grille-pain,a fait apparaître l’an dernier cette diplômée de McGill de l’autre côté d’une des deux solitudes, dont on peine encore à croire, dans certains quartiers de la ville du moins, qu’elles existent encore.
La romancière dans la jeune quarantaine a pourtant une plume exquise qui fait revivre la rue Saint-Laurent des années 1980 comme nulle autre ou qui expose le référendum de 1995 sous un angle moins improbable, loin des réflexions convenues. Elle manie avec délicatesse l’ombre et la lumière, elle fait passer sa plume dans le sillage des Samuel Beckett, des Jean Genest, avec ce regard minutieux pour la mémoire des lieux et pour la vie des gens qui les ont habités, avec toujours en trame de fond l’amour, l’abandon et une sensualité remarquable.
Hôtel Lonely Hearts, à paraître en février chez Alto, vient poursuivre l’écriture d’une oeuvre à découvrir qui s’inspire de Montréal pour raconter ses humains. Ici, en plongeant dans le Montréal des années folles. Deux orphelins vont s’aimer, vont espérer au contact de la richesse des autres, de la musique et de la danse, mais vont surtout apprendre que la Grande Dépression n’a pas été terrible que pour les financiers, mais l’a été aussi pour les rêveurs.