Couillard refuse d’aborder la question des droits de la personne en Chine
Le premier ministre Philippe Couillard n’a toujours pas l’intention d’aborder l’épineux problème des droits de la personne en Chine.
Au cours du premier point de presse de sa mission chinoise, dimanche, à Pékin, le premier ministre du Québec a indiqué qu’il ne désirait pas faire «échouer» la mission par des «commentaires mal avisés».
La Chine est un pays dirigé par des leaders communistes où les droits civils comme les libertés d’opinion, de la presse et de la conscience sont bafoués.
Cette question délicate revient hanter chaque premier ministre québécois ou canadien dès qu’il met le pied en Chine et révèle toujours un malaise sur la conciliation difficile des relations économiques et du principe du respect des droits fondamentaux.
«Ce n’est certainement pas le Québec qui va dicter, ou d’autres parties du monde d’ailleurs, qui vont dicter à la Chine, on le voit, la façon dont ils vont se gouverner de façon interne», a déclaré le premier ministre.
En 2014, lors de son premier séjour en Chine, M. Couillard était resté silencieux sur la question, tout en promettant qu’il y aurait «d’autres occasions» pour en parler. La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, elle, avait soulevé l’enjeu avec le secrétaire du Parti communiste du Jiangsu.
A-t-il abordé le sujet avec ses interlocuteurs chinois depuis? « Peut-être, si c’est privé, peutêtre, ou non», a-t-il rétorqué, usant de faux-fuyants afin d’éviter de répondre clairement à la question des journalistes.
Chose certaine, M. Couillard croit que le progrès social en Chine passera par sa classe moyenne de plus en plus puissante, qui exigera des changements. Trois cents millions de personnes sont considérées comme faisant partie de la classe moyenne en Chine, un pouvoir économique si redoutable que le représentant du Québec en Chine, Jean-François Lépine, n’hésite pas à le qualifier de «démocratie par le bas».
«D’après moi, ça va se faire naturellement», a renchéri M. Couillard.
D’ici là, le Québec ne peut que montrer l’exemple: «[Les étudiants internationaux au Québec] voient ces différences de sociétés et reviennent chez eux souvent avec l’ambition d’aller dans cette direction aussi», a-t-il analysé.
Rapprochement
Par ailleurs, M. Couillard s’est dit d’accord avec l’ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum, qui affirmait plus tôt en journée que les politiques canadiennes ressemblent actuellement plus à celles de la Chine qu’à celles des États-Unis.
Évoquant un tout nouveau contexte géopolitique, M. McCallum a vanté le travail de la Chine en matière d’environnement, de lutte contre les changements climatiques et de libreéchange.
«Je n’aurais jamais pensé possible au cours de ma vie ce qui est vraiment arrivé aujourd’hui», a déclaré l’ambassadeur, s’adressant à l’ensemble de la délégation québécoise, soit près de 200 personnes, majoritairement issues du milieu des affaires, mais aussi de l’éducation et de la culture.
«C’est probablement le meilleur moment depuis des années et même des décennies où le Canada, le Québec ont l’occasion d’approfondir leurs liens avec la Chine, a-t-il poursuivi. Je dirais que vous avez choisi un bon moment pour venir ici.»
Lundi, plusieurs ententes seront signées à Pékin entre des établissements d’enseignement ou des entreprises du Québec et des homologues chinois. Dimanche midi, le premier ministre a lancé sa mission au Carnaval de l’hiver québécois à Pékin, où il en a profité pour effectuer quelques tirs au but en compagnie de jeunes hockeyeurs. Il a aussi assisté à une démonstration de planche à neige par l’athlète québécois de 10 ans Éli Bouchard, véritable vedette en Chine.
M. Couillard vantera jusqu’à vendredi en Chine le génie québécois en matière de sports d’hiver, de culture et de divertissement. Il espère ainsi intéresser la classe moyenne chinoise et idéalement augmenter les exportations québécoises dans ce pays.