Nouvelle menace d’arrestation pour Carles Puigdemont
Le président déchu prévoit se rendre au Danemark pour participer à un débat
Madrid — La justice espagnole a menacé dimanche de demander l’arrestation du président catalan déchu, Carles Puigdemont, si, comme il l’a prévu, il se rend au Danemark lundi, mettant de nouveaux bâtons dans les roues à l’indépendantiste qui tente une reconquête du pouvoir en Catalogne depuis la Belgique.
Si M. Puigdemont participe bien lundi à un débat à l’Université de Copenhague, le parquet «agira immédiatement pour demander au juge d’instruction de la Cour suprême d’activer le mandat d’arrêt européen», prévient-il dans un communiqué.
L’annonce intervient alors qu’à Barcelone le président du Parlement catalan, l’indépendantiste Roger Torrent, doit décider lundi s’il présente la candidature de Carles Puigdemont à la présidence de la région.
S’il l’officialise, un débat suivi d’un vote sur cette candidature sera organisé à la chambre à la fin du mois.
Le camp indépendantiste
Le président du Parlement catalan doit décider lundi s’il présente la candidature de M. Puigdemont à la présidence de la région
domine toujours le Parlement régional, avec 70 élus sur 135, même si plus de 50% des Catalans votent pour des partis non indépendantistes: dans la région, la pondération des voix profite en effet aux provinces rurales, traditionnellement indépendantistes, qui ont donc plus d’élus.
Et le candidat des grandes formations séparatistes reste M. Puigdemont, qui a organisé un référendum interdit suivi d’une déclaration d’indépendance unilatérale le 27 octobre.
Casse-tête
Mais d’un point de vue logistique et juridique sa candidature est hasardeuse.
S’il reste à l’étranger, il devra être investi à distance, et les services juridiques du Parlement ont déjà jugé cette investiture contraire à la Constitution. Et s’il rentre, il risque fort d’être arrêté.
Il doit aussi obtenir un permis de résidence en Belgique ou quitter aussi ce pays au risque de s’exposer — comme l’a bien fait savoir le parquet dimanche — à une arrestation ailleurs.
Dans le cas où les élus indépendantistes passeraient outre aux avertissements des juristes, ils s’exposeraient ensuite à la saisie de la Cour constitutionnelle par le gouvernement.
Cette cour pourrait alors suspendre leur vote, leur imposant indirectement de trouver un nouveau candidat, voire d’organiser de nouvelles élections.
Crise à venir ?
«Prétendre être le président du gouvernement catalan en étant à Bruxelles est illégal», a prévenu le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, samedi avant d’expliquer que, dans ce cas de figure, la région ne retrouverait pas l’autonomie qu’il lui avait retirée après la tentative de sécession.
Le président du Parlement n’en reste pas moins face à un choix cornélien, car, s’il ne valide pas la candidature de Carles Puigdemont lundi il peut susciter une crise au sein de son camp, entre la liste Ensemble pour la Catalogne (centre droit) de M. Puigdemont et l’autre grande formation, la sienne (Gauche républicaine de Catalogne, ERC).
Au sein du parti ERC, la tendance n’est cependant plus à l’affrontement direct avec Madrid, mais plutôt à une stratégie de plus long terme visant à gagner du terrain dans une société catalane très divisée.
D’autant qu’en cas de nouvelles élections, les séparatistes pourraient perdre du terrain.
«On doit mesurer les coûts et bénéfices de toutes les décisions», déclarait samedi Ernest Maragall, doyen des élus à la chambre catalane.
L’horizon semble donc complexe pour le président déchu, Carles Puigdemont.
En décembre, le juge espagnol Pablo Llarena avait retiré les mandats d’arrêt internationaux visant le président destitué et quatre autres anciens ministres-conseillers catalans installés à Bruxelles et poursuivis en Espagne pour « rébellion», «sédition» et «malversation de fonds».