Jagmeet Singh, jamais sans son casque
Le chef du NPD retirera son turban pour faire de la motoneige à Jonquière
Il a beau militer pour l’exemption du port du casque à moto pour les sikhs portant le turban comme lui, Jagmeet Singh ne s’en prévaudrait pas pour autant s’il obtenait gain de cause. Le chef du NPD estime qu’il en va de sa sécurité. Aussi retirera-t-il son turban pour metre un casque lorsqu’il enfourchera une motoneige à Jonquière cette semaine.
Le caucus néodémocrate se réunit à compter d’aujourd’hui et jusqu’à jeudi afin de planifier la rentrée parlementaire. Le nouveau chef veut profiter de son passage au Saguenay pour pratiquer une activité toute québécoise: circuler dans les sous-bois en motoneige. Le port du casque est obligatoire au Québec et il n’est pas question pour M. Singh de contourner la loi pendant sa sortie d’une demi-heure. «Il va enlever son turban pour mettre un casque», affirme Sarah Andrews, la directrice adjointe des communications au NPD.
En fait, M. Singh aurait porté le casque, qu’il soit obligatoire ou pas. «Il fait de la moto et, quand il fait de la moto, il enlève toujours son turban pour mettre son casque, poursuit Mme Andrews. Pour lui, c’est une question de sécurité. Même si l’exemption existait, il porterait quand même le casque. C’est plus l’idée d’offrir le choix personnel [aux autres sikhs de ne pas le porter], mais lui, personnellement, il va porter un casque. »
Lorsqu’il était député à Queen’s Park, Jagmeet Singh a déposé à deux reprises un projet de loi dispensant de casque à moto tout sikh ayant «les cheveux, la barbe et les poils non coupés» et portant «habituellement un turban composé d’au moins cinq mètres carrés de tissu». Il n’a jamais été adopté, la première ministre Kathleen Wynne s’y opposant au nom de la sécurité. Une telle exemption existe en ColombieBritannique et au Manitoba.
Casque et religion ne font pas toujours bon ménage en politique fédérale. En février dernier, le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, qui porte lui aussi le turban sikh, a visité sans casque le site de reconstruction du manège militaire, à Québec. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a contacté la responsable du chantier, l’entreprise Pomerleau, pour lui rappeler que le port du casque était obligatoire. La CNESST avait indiqué à La Presse que son intervention n’avait pas de conséquences juridiques directes.
Préparer le terrain
Selon la députée néodémocrate de Jonquière, Karine Trudel, la réunion du caucus dans sa ville sera l’occasion d’aborder les enjeux fédéraux touchant de plein fouet sa région. Elle cite entre autres la vétusté des brise-glace. «Rio Tinto Alcan reçoit ici la bauxite par bateau. Si le briseglace brise, ce sont des cargaisons qui ne sont pas livrées. Ça a un impact économique important.»
Mme Trudel reconnaît que la tenue du caucus à Jonquière n’est pas étrangère à la prochaine élection partielle qui devrait se tenir dans la région dans la foulée du départ-surprise, pour raisons personnelles, du député libéral de Chicoutimi-Le Fjord, Denis Lemieux. La date de l’élection n’a pas encore été annoncée.