Le contrat historique ne se traduira pas par des baisses de tarifs
L’entente avec le Massachusetts pourrait générer des revenus de 10 milliards
Même si Hydro-Québec vient de décrocher son plus important contrat d’exportation, cela ne signifie pas pour autant que les clients québécois de la société d’État doivent s’attendre à une baisse de leur facture d’électricité.
Son p.-d.g., Éric Martel, estime plutôt que cette entente «historique» avec le Massachusetts permettra à Hydro-Québec de respecter sa promesse de ne pas augmenter les tarifs au-delà de l’inflation. «Évidemment, cela nous permet d’atténuer la pression et nous procure une certaine flexibilité», a-t-il expliqué vendredi, en conférence de presse, aux côtés du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Moreau.
L’événement visait à faire le point sur la décision du Massachusetts annoncée la veille indiquant que Northern Pass avait été le seul projet retenu parmi les 46 propositions déposées pour ce contrat d’approvisionnement de 20 ans qui pourrait générer des revenus de 10 milliards.
Si M. Martel a affirmé que les profits découlant de ce contrat allaient garnir les coffres de l’État et servir à «payer des salaires pour des médecins et des professeurs», il n’a pas ouvert la porte à une baisse des tarifs pour les clients québécois. Il a rappelé que cela faisait «trois ans» qu’Hydro-Québec respectait son engagement, ajoutant que les deux dernières hausses tarifaires résidentielles avaient été de 0,7%.
«C’est le gouvernement qui est l’actionnaire unique et qui fixe les dividendes versés à l’État, a renchéri M. Moreau. Une hausse des revenus, c’est une bonne nouvelle pour tous, indépendamment de la tarification fixée par la Régie [de l’énergie]. »
Conditionnel à une signature officielle qui devrait avoir lieu en mars, ce contrat de 20 ans permettra à Hydro-Québec d’exporter annuellement 9,45 térawattheures (TWh) d’hydroélectricité pour approvisionner un million de clients à compter de 2020. Le Northern Pass, dont la construction est pilotée par la société d’État et son partenaire américain Eversource, doit relier le poste des Cantons, situé à Val-Joli, et le poste de Franklin, dans le sud du New Hampshire. La partie québécoise du projet est évaluée à plus de 680 millions. La construction devrait débuter à l’automne et une partie de la ligne de transport sera enfouie dans le secteur de la forêt Hereford.
En conférence de presse, M. Martel n’a pas voulu s’avancer sur le prix obtenu par la société d’État, mais il a clairement laissé entendre qu’il était supérieur au coût moyen de 3¢ pour produire et assurer le transport d’un kilowattheure. «Nous avons déterminé un prix et il absorbe tous les coûts, dont la production et le transport», a-t-il assuré.
Pour montrer à quel point les exportations étaient profitables pour Hydro-Québec, M. Martel a souligné que les exportations avaient représenté 16% du volume des ventes nettes d’électricité en 2016, mais avaient généré 28% des profits, soit 803 millions de dollars.
Une fois signée, cette entente donnera un important coup de pouce à la société d’État, qui ambitionne de doubler son chiffre d’affaires à environ 27 milliards de dollars d’ici 2030.
En dépit de l’ampleur du contrat avec le Massachusetts, Hydro-Québec peut encore conclure jusqu’à deux autres ententes similaires, a dit M. Martel, qui a les yeux tournés vers l’État de New York ainsi que vers l’Ontario.
Menace protectionniste ?
Par ailleurs, Hydro-Québec ne croit pas que le climat protectionniste aux États-Unis puisse déclencher une dispute commerciale avec un concurrent américain ou inciter le gouvernement Trump à révoquer le permis présidentiel du Northern Pass, octroyé lorsque Barack Obama était à la Maison-Blanche. «L’appel d’offres était très concurrentiel, a dit M. Martel. Nous n’avons pas offert un produit sous notre coût de production. Il n’y a pas eu de dumping. Il n’y a pas de préoccupations à ce niveau.»
Le grand patron d’Hydro-Québec a rappelé que la ligne de transport allait générer des investissements de 2 milliards aux États-Unis en plus de créer des milliers d’emplois, ce qui devrait plaire au président Donald Trump.
Aux États-Unis, une autorisation est toujours attendue au New Hampshire, alors qu’au pays, l’Office national de l’énergie doit donner son feu vert au projet.