L’UQAM mise sur la personnalisation des services et la francisation prémigratoire
L’université francophone accroît son attractivité à l’international
Dans un contexte où la concurrence mondiale pour attirer les meilleurs talents ne cesse de croître, les établissements d’enseignement supérieur québécois sont nombreux à adopter des stratégies pour augmenter leur attractivité auprès des candidats internationaux. À l’Université du Québec à Montréal (UQAM), on a choisi de miser sur la personnalisation des services offerts aux nouveaux arrivants et sur la francisation prémigratoire des futurs étudiants.
Chaque année, l’UQAM accueille en moyenne 3500 étudiants étrangers. Issus de 96 pays différents, la plupart d’entre eux proviennent de la France, mais plusieurs viennent aussi des Antilles, de l’Afrique subsaharienne, du Maghreb et du Brésil.
«Depuis quelques années, la situation économique de certains pays d’Europe nous amène aussi des étudiants d’Espagne, du Portugal, etc. C’était moins le cas avant», commente Dolores Otero, directrice du Centre des services d’accueil et de soutien socioéconomique de l’UQAM.
En majorité inscrits au premier cycle, ces étudiants maîtrisent pratiquement tous le français. Beaucoup l’ont pour langue maternelle, mais une grande part d’entre eux ne l’ont appris qu’à l’école.
Des difficultés spécifiques
Cela fait maintenant cinq ans que l’UQAM offre des services personnalisés à ses étudiants internationaux. Si elle a décidé de le faire, c’est notamment qu’elle a constaté que plusieurs éprouvaient d’importantes difficultés pendant leur scolarité, et ce, même s’ils avaient accès à une panoplie de servicesconseils traditionnels.
Par exemple, d’après Mme Otero, il n’était pas rare que des étudiants internationaux commettent des actes de plagiat parce qu’ils n’étaient pas familiarisés avec la culture universitaire québécoise, qui est très axée sur la compréhension des notions.
Il n’était pas non plus inhabituel que des étudiants éprouvent des difficultés de compréhension orale en classe, mais peu osaient le signaler. Conséquemment, dès le premier trimestre, plusieurs se retrouvaient avec d’importants retards.
« Les étudiants qui viennent de l’étranger vivent plusieurs défis, culturels, financiers, etc. On a réalisé que, si on voulait qu’ils réussissent, il fallait prendre une posture différente, qu’on s’adresse à eux différemment », confie Mme Otero.
Des services sur mesure
Prenant le taureau par les cornes, l’UQAM a donc développé des services spécialement conçus pour ses étudiants étrangers. Ceux-ci prennent diverses formes.
«La première chose qu’on fait, c’est de les contacter dès qu’ils sont admis à l’UQAM, indique Mme Otero. On leur dit qu’on aimerait échanger avec eux et on les invite à participer à des webinaires. On leur parle de la vie montréalaise, de l’hiver, de ce qui les attend ici, etc.»
Puis, à l’aube de la rentrée, les étudiants internationaux sont invités à prendre part à des journées d’accueil personnalisé. Très encadrées, ces dernières permettent aux nouveaux arrivants de suivre différents ateliers informatifs sur des thèmes comme les exigences de l’UQAM, les travaux et les évaluations, les obligations financières, l’immigration, etc. De plus, elles leur offrent la possibilité de poser toutes leurs questions à des personnes-ressources.
Ceux qui le désirent peuvent aussi s’inscrire au programme Allô. Celui-ci permet aux nouveaux étudiants d’être jumelés à un parrain ou à une marraine qui fréquente l’UQAM afin de tisser plus rapidement des liens avec d’autres universitaires.
Pendant l’année scolaire, les étudiants étrangers bénéficient aussi d’un suivi. Ils peuvent notamment prendre part à différentes rencontres et activités culturelles.
«Et en cours de session, on les appelle pour voir où ils en sont, s’ils rencontrent des difficultés. Comme ils ne sont pas portés à le dire, on prend les devants », signale Mme Otero.
Lorsqu’ils ont besoin d’aide, les étudiants sont vite accompagnés, peu importe leurs problèmes. Par exemple, s’ils éprouvent des difficultés financières, un conseiller les aide à trouver des solutions. S’ils peinent à rédiger leurs travaux, ils reçoivent un soutien adéquat, etc.
D’après Mme Otero, cette stratégie d’accompagnement personnalisé donne d’excellents résultats: «Les étudiants nous disent qu’ils sont vraiment satisfaits des services qu’on leur offre, que ça les aide vraiment. De notre côté, on constate qu’ils s’acclimatent davantage, qu’ils s’intègrent mieux qu’avant. On voit clairement une amélioration. »
Franciser avant l’arrivée
Parallèlement aux efforts qu’elle déploie pour favoriser la réussite de ses étudiants étrangers, l’UQAM travaille aussi à élargir son bassin de recrutement. Déjà connue dans les diverses régions de la francophonie mondiale, elle s’efforce maintenant de faire valoir ses attraits dans des zones où la connaissance de la langue française reste marginale, notamment en Asie.
«La direction nous a donné le mandat de développer de nouvelles façons d’attirer des étudiants qui viennent de pays non francophones. […] On a évalué plusieurs possibilités et on a eu l’idée d’offrir des cours de français à l’étranger», explique Sylvain St-Amand, directeur du Service des relations internationales de l’UQAM.
Pour explorer cette avenue, l’UQAM a développé un projet pilote en collaboration avec le cégep Marie-Victorin et l’University of Languages and International Studies, rattachée à l’Université nationale du Vietnam, à Hanoï.
Ensemble, ils ont mis sur pied un programme préparatoire d’une durée d’un an qui s’adresse à des étudiants ayant des notions de base en français. En cours depuis l’automne, celui-ci se déroule en partie au Vietnam et en partie au cégep Marie-Victorin. Au terme de ce programme, les étudiants qui auront réussi leur formation seront admissibles à des programmes de premier cycle offerts par l’UQAM.
Dans la foulée, l’établissement montréalais a aussi commencé à développer un projet de formation qui permettra à des étudiants étrangers non francophones d’apprendre le français dans leur pays de résidence en fréquentant un établissement partenaire de l’UQAM, et ce, dès l’âge de 17 ans. Après trois années d’études, ils pourront venir à Montréal pour y poursuivre leur scolarité.
«Quand ils arriveront ici, ce seront de jeunes adultes qui parleront bien français. Ce sera beaucoup plus facile pour eux de bien s’intégrer», souligne M. St-Amand.
Si tout se passe comme prévu, le projet devrait se concrétiser dès l’automne prochain. Les premières formations seront dispensées dans deux universités chinoises, mais l’UQAM compte bien étendre son programme grâce à des partenariats avec d’autres établissements d’enseignement. D’ici quelques années, celui-ci pourrait donc être offert dans plusieurs zones de l’Asie.