Le Devoir

L’UQAM mise sur la personnali­sation des services et la francisati­on prémigrato­ire

L’université francophon­e accroît son attractivi­té à l’internatio­nal

- EMILIE CORRIVEAU

Dans un contexte où la concurrenc­e mondiale pour attirer les meilleurs talents ne cesse de croître, les établissem­ents d’enseigneme­nt supérieur québécois sont nombreux à adopter des stratégies pour augmenter leur attractivi­té auprès des candidats internatio­naux. À l’Université du Québec à Montréal (UQAM), on a choisi de miser sur la personnali­sation des services offerts aux nouveaux arrivants et sur la francisati­on prémigrato­ire des futurs étudiants.

Chaque année, l’UQAM accueille en moyenne 3500 étudiants étrangers. Issus de 96 pays différents, la plupart d’entre eux proviennen­t de la France, mais plusieurs viennent aussi des Antilles, de l’Afrique subsaharie­nne, du Maghreb et du Brésil.

«Depuis quelques années, la situation économique de certains pays d’Europe nous amène aussi des étudiants d’Espagne, du Portugal, etc. C’était moins le cas avant», commente Dolores Otero, directrice du Centre des services d’accueil et de soutien socioécono­mique de l’UQAM.

En majorité inscrits au premier cycle, ces étudiants maîtrisent pratiqueme­nt tous le français. Beaucoup l’ont pour langue maternelle, mais une grande part d’entre eux ne l’ont appris qu’à l’école.

Des difficulté­s spécifique­s

Cela fait maintenant cinq ans que l’UQAM offre des services personnali­sés à ses étudiants internatio­naux. Si elle a décidé de le faire, c’est notamment qu’elle a constaté que plusieurs éprouvaien­t d’importante­s difficulté­s pendant leur scolarité, et ce, même s’ils avaient accès à une panoplie de servicesco­nseils traditionn­els.

Par exemple, d’après Mme Otero, il n’était pas rare que des étudiants internatio­naux commettent des actes de plagiat parce qu’ils n’étaient pas familiaris­és avec la culture universita­ire québécoise, qui est très axée sur la compréhens­ion des notions.

Il n’était pas non plus inhabituel que des étudiants éprouvent des difficulté­s de compréhens­ion orale en classe, mais peu osaient le signaler. Conséquemm­ent, dès le premier trimestre, plusieurs se retrouvaie­nt avec d’importants retards.

« Les étudiants qui viennent de l’étranger vivent plusieurs défis, culturels, financiers, etc. On a réalisé que, si on voulait qu’ils réussissen­t, il fallait prendre une posture différente, qu’on s’adresse à eux différemme­nt », confie Mme Otero.

Des services sur mesure

Prenant le taureau par les cornes, l’UQAM a donc développé des services spécialeme­nt conçus pour ses étudiants étrangers. Ceux-ci prennent diverses formes.

«La première chose qu’on fait, c’est de les contacter dès qu’ils sont admis à l’UQAM, indique Mme Otero. On leur dit qu’on aimerait échanger avec eux et on les invite à participer à des webinaires. On leur parle de la vie montréalai­se, de l’hiver, de ce qui les attend ici, etc.»

Puis, à l’aube de la rentrée, les étudiants internatio­naux sont invités à prendre part à des journées d’accueil personnali­sé. Très encadrées, ces dernières permettent aux nouveaux arrivants de suivre différents ateliers informatif­s sur des thèmes comme les exigences de l’UQAM, les travaux et les évaluation­s, les obligation­s financière­s, l’immigratio­n, etc. De plus, elles leur offrent la possibilit­é de poser toutes leurs questions à des personnes-ressources.

Ceux qui le désirent peuvent aussi s’inscrire au programme Allô. Celui-ci permet aux nouveaux étudiants d’être jumelés à un parrain ou à une marraine qui fréquente l’UQAM afin de tisser plus rapidement des liens avec d’autres universita­ires.

Pendant l’année scolaire, les étudiants étrangers bénéficien­t aussi d’un suivi. Ils peuvent notamment prendre part à différente­s rencontres et activités culturelle­s.

«Et en cours de session, on les appelle pour voir où ils en sont, s’ils rencontren­t des difficulté­s. Comme ils ne sont pas portés à le dire, on prend les devants », signale Mme Otero.

Lorsqu’ils ont besoin d’aide, les étudiants sont vite accompagné­s, peu importe leurs problèmes. Par exemple, s’ils éprouvent des difficulté­s financière­s, un conseiller les aide à trouver des solutions. S’ils peinent à rédiger leurs travaux, ils reçoivent un soutien adéquat, etc.

D’après Mme Otero, cette stratégie d’accompagne­ment personnali­sé donne d’excellents résultats: «Les étudiants nous disent qu’ils sont vraiment satisfaits des services qu’on leur offre, que ça les aide vraiment. De notre côté, on constate qu’ils s’acclimaten­t davantage, qu’ils s’intègrent mieux qu’avant. On voit clairement une améliorati­on. »

Franciser avant l’arrivée

Parallèlem­ent aux efforts qu’elle déploie pour favoriser la réussite de ses étudiants étrangers, l’UQAM travaille aussi à élargir son bassin de recrutemen­t. Déjà connue dans les diverses régions de la francophon­ie mondiale, elle s’efforce maintenant de faire valoir ses attraits dans des zones où la connaissan­ce de la langue française reste marginale, notamment en Asie.

«La direction nous a donné le mandat de développer de nouvelles façons d’attirer des étudiants qui viennent de pays non francophon­es. […] On a évalué plusieurs possibilit­és et on a eu l’idée d’offrir des cours de français à l’étranger», explique Sylvain St-Amand, directeur du Service des relations internatio­nales de l’UQAM.

Pour explorer cette avenue, l’UQAM a développé un projet pilote en collaborat­ion avec le cégep Marie-Victorin et l’University of Languages and Internatio­nal Studies, rattachée à l’Université nationale du Vietnam, à Hanoï.

Ensemble, ils ont mis sur pied un programme préparatoi­re d’une durée d’un an qui s’adresse à des étudiants ayant des notions de base en français. En cours depuis l’automne, celui-ci se déroule en partie au Vietnam et en partie au cégep Marie-Victorin. Au terme de ce programme, les étudiants qui auront réussi leur formation seront admissible­s à des programmes de premier cycle offerts par l’UQAM.

Dans la foulée, l’établissem­ent montréalai­s a aussi commencé à développer un projet de formation qui permettra à des étudiants étrangers non francophon­es d’apprendre le français dans leur pays de résidence en fréquentan­t un établissem­ent partenaire de l’UQAM, et ce, dès l’âge de 17 ans. Après trois années d’études, ils pourront venir à Montréal pour y poursuivre leur scolarité.

«Quand ils arriveront ici, ce seront de jeunes adultes qui parleront bien français. Ce sera beaucoup plus facile pour eux de bien s’intégrer», souligne M. St-Amand.

Si tout se passe comme prévu, le projet devrait se concrétise­r dès l’automne prochain. Les premières formations seront dispensées dans deux université­s chinoises, mais l’UQAM compte bien étendre son programme grâce à des partenaria­ts avec d’autres établissem­ents d’enseigneme­nt. D’ici quelques années, celui-ci pourrait donc être offert dans plusieurs zones de l’Asie.

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OLIVIER ZUIDA LE DEVOIR L’UQAM accueille en moyenne 3500 étudiants étrangers par année.

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