Retenir les diplômés internationaux à Montréal, un enjeu crucial
Moins de 25 % des étudiants étrangers restent après leurs études
Moins de 25 % des étudiants internationaux restent à Montréal à la fin de leurs études. C’est insuffisant, selon les acteurs du milieu, qui s’organisent pour que plus de ces talents choisissent le Québec.
Sur les 42 000 étudiants internationaux dans les universités québécoises, 32 000 sont dans le Grand Montréal. «Ce sont des talents de choix pour les entreprises d’ici, explique Mathieu Lefort, responsable du projet Je choisis Montréal, au sein de Montréal International. Ils ont un diplôme du Québec, ils connaissent Montréal et le Québec, ils parlent généralement plusieurs langues et disposent d’un réseau international. »
Depuis une vingtaine d’années, Montréal International a pour mission d’attirer les talents de partout dans le monde dans la métropole en menant des missions de recrutement l’étranger. Et depuis presque deux ans maintenant, le projet Je choisis Montréal cible tout particulièrement les étudiants internationaux venus faire leurs études à Montréal afin qu’ils décident de s’y établir.
Résultat, si en 2015, 2800 étudiants avaient obtenu leur Certificat de sélection du Québec (CSQ), sésame pour pouvoir s’installer dans la province, ils étaient déjà 4000 en 2016. L’objectif sur trois ans est d’en retenir 19 000.
Des freins
« Depuis 10 à 15 ans, le nombre d’étudiants internationaux augmente au Québec et il risque de continuer à augmenter, note Mia Homsy, directrice générale de l’Institut du Québec. Nous devons faire en sorte de les retenir par la suite. Car le talent, c’est le nerf de la guerre pour attirer des entreprises ici et permettre à nos entreprises d’ici de prendre de l’expansion. Or, jusque-là, le Québec ne s’en sort pas très bien comparativement à d’autres provinces. »
Mme Homsy admet cependant que la situation s’est améliorée ces dernières années avec la simplification du processus d’acquisition du CSQ. Mais selon elle, l’objectif serait de pouvoir garder 50% de ceux qui souhaitent rester et des indécis.
Au chapitre des barrières, il y a d’un côté ceux qui ne parviennent pas à se qualifier pour le CSQ, soit parce qu’ils ne sont pas capables de présenter tous les documents demandés, soit parce qu’ils n’obtiennent pas assez de points. De l’autre, les entreprises qui demeurent frileuses devant un candidat international.
«Certaines se demandent pourquoi investir alors qu’elles ne sont pas certaines qu’à terme, ils resteront, explique la directrice de l’Institut du Québec. Et puis en dernier lieu, il y a des problèmes financiers. Ce n’est jamais facile de trouver un premier emploi, encore plus lorsque l’on ne connaît pas bien le marché. C’est pourquoi nous militons pour un parcours d’intégration avec stage en entreprise et cours de francisation, tout cela payé par le gouvernement. Il y aurait certes un coût pour l’État au départ, mais pour un bien plus grand bénéfice finalement. »
Bilan en mars 2019
Du côté de Je choisis Montréal, on s’active donc pour atteindre les objectifs et tenter de rendre le projet pérenne. Pour ce faire, l’organisme s’appuie sur trois piliers, à savoir la vie quotidienne, le travail et l’immigration.
«Nous fournissons de l’information et organisons des activités, explique Mathieu Lefort. Des rencontres sur les campus par exemple, des sondages, des groupes de discussion. Nous mettons également en relation les étudiants avec le marché du travail. Nous faisons en sorte d’enlever les principaux freins à l’installation, qui sont l’accès à l’emploi et la méconnaissance des dispositifs d’immigration. »
Un premier bilan sera fait en mars 2019 et, en fonction des résultats, l’expérience pourra être renouvelée par le ministère de l’Immigration. D’ici là, une centaine de séances d’information et autant d’activités auront été organisées. En mars 2017 par exemple, une journée de rencontre s’est tenue entre une quinzaine d’entreprises du secteur de l’aérospatiale et 150 étudiants internationaux. Juste avant le congé de Noël, Je choisis Montréal a également invité Tourisme Montréal à venir parler aux étudiants internationaux des différentes activités offertes dans la métropole durant les Fêtes.
«Montréal est la meilleure ville étudiante selon les étudiants étrangers, rappelle M. Lefort. Parce qu’elle est agréable à vivre, dynamique, qu’il y a une vie culturelle intéressante. Autant d’arguments qui devraient pouvoir faire en sorte de les garder par la suite si nous les aidons un peu. C’est ce que nous nous attelons à faire.»
Il conclut en rappelant que, dans le contexte de chômage au plus bas et de pénurie de main-d’oeuvre que connaît la province depuis plusieurs mois, et alors que certaines industries comme l’aérospatiale, les sciences de la vie, l’intelligence artificielle ou encore les technologies de l’information sont en pleine expansion, l’enjeu est crucial.
Au chapitre des barrières, il y a d’un côté ceux qui ne parviennent pas à se qualifier pour le CSQ