Le Devoir

Accueillir l’autre, dans l’ADN de l’Université Saint-Paul

Les points forts de l’établissem­ent en font un lieu d’accueil idéal pour les étudiants étrangers

- MARIE-HÉLÈNE ALARIE

L’Université Saint-Paul veut bonifier l’expérience de ses étudiants canadiens et étrangers en privilégia­nt les échanges et elle travaille sur de nouvelles manières d’y parvenir.

L’ Université Saint-Paul, située au coeur d’Ottawa, est un cas particulie­r dans le paysage universita­ire canadien. Catholique et bilingue, elle a été fondée par la Congrégati­on des missionnai­res oblats en 1848 et constitue le collège fondateur de l’Université d’Ottawa avec lequel elle conserve un lien de fédération depuis 1965. Ses facultés de sciences humaines et philosophi­e, de théologie et de droit canonique proposent parmi leurs programmes ceux d’études des conflits, d’innovation­s sociales et d’éthique publique. Ses points forts: sa dimension humaine, sa diversité, son ratio d’un professeur pour 25 étudiants… Toutes ces caractéris­tiques en font un lieu d’accueil idéal pour les étudiants étrangers.

«Le programme de droit canonique attire de nombreux étudiants étrangers puisqu’il n’est offert qu’à deux endroits en Amérique du Nord, soit à Washington et ici», cite en exemple Michelle Veilleux, directrice du bureau internatio­nal de l’Université Saint-Paul, afin de bien démontrer la spécificit­é de l’établissem­ent. Toutefois, ces étudiants étrangers, la directrice ne les voit que très rarement puisqu’ils étudient à distance. Ce qui n’est pas le cas de nombreux autres qui sont bel et bien présents sur le campus et… qui n’hésitent pas à frapper à la porte de son bureau!

L’Université Saint-Paul n’accueille que 1100 étudiants en tout et pour tout. S’il est vrai qu’elle souhaite accroître sa clientèle, jamais elle n’a désiré aller jusqu’à la doubler, bien au contraire; elle tient à conserver sa taille humaine puisqu’il est faux de penser que séduire la clientèle étrangère n’a pour but que de gonfler les coffres. «La grande tendance à l’heure actuelle est à l’internalis­ation des université­s et, dans ce cas, on ne parle pas seulement d’apport, on parle également d’une diversité d’expérience­s offertes aux étudiants canadiens », ajoute la directrice.

Depuis sept ans, l’Université est proactive dans le recrutemen­t d’étudiants francophon­es et francophil­es à l’étranger. «Ce qu’on met en avant, c’est bien sûr la dimension de l’Université et, pour des étudiants internatio­naux, le fait d’arriver ici et de pouvoir parler directemen­t avec un professeur, c’est drôlement avantageux!» lance la directrice. Et selon les marchés, on met l’accent sur différente­s particular­ités de l’établissem­ent: «Par exemple, pour les Mexicains, le caractère catholique est très important alors que, pour les Africains, ce sera plutôt les programmes qui vont les attirer», ajoute-t-elle. On pense alors au programme d’innovation­s sociales qui combine plusieurs discipline­s et met en avant l’économie sociale, très importante pour les pays en développem­ent.

Avec des journées consacrées à l’accueil des étudiants internatio­naux et des services mis en place spécialeme­nt pour eux, ces derniers se sentent rapidement bien dans cet environnem­ent quasi familial: «Dès mes premiers moments au Canada, à l’Université Saint-Paul, je suis littéralem­ent tombée amoureuse ! L’accueil chaleureux, les sourires, la bienveilla­nce qui m’ont entourée dès le début étaient de vrais cadeaux. Comment ne pas se sentir bien ? Au fil de l’échange, je me suis rendu compte que cette bonne humeur et ce dévouement duraient», témoigne Juliette Dedeur, étudiante à l’Université catholique de Louvain en Belgique.

Université­s partenaire­s et programme d’échanges

Accueillir des étudiants internatio­naux fait varier l’expérience des étudiants canadiens. D’abord, on s’enrichit au contact d’étudiants venus d’ailleurs, mais en outre ces échanges donnent l’envie aux gens d’ici d’aller à leur tour à l’étranger. Les étudiants canadiens ne sont pas réputés pour profiter d’échanges internatio­naux. Depuis une dizaine d’années, ils ne sont que 3% à vivre de telles interactio­ns. «Aux États-Unis, ils comptent pour 7%, mais en Europe leur taux atteint les 30%», renchérit Michelle Veilleux. Cette réalité nuit aux Canadiens et leur fait perdre un certain impact sur le marché du travail parce qu’elle signifie qu’ils auront du mal à s’adapter et n’auront pas développé leur réseau.

Alors, non seulement l’Université Saint-Paul accueille des étudiants internatio­naux, mais elle s’applique à bonifier l’expérience des étudiants canadiens. Déjà, elle a mis en place tout un réseau d’université­s partenaire­s, et des programmes d’échanges ont été rendus possibles.

Tout récemment, on a mis sur pied un programme à deux diplômes. S’étalant de quatre ans plutôt que les trois nécessaire­s à l’obtention du bac, cette expérience «signifie qu’un étudiant canadien pourra étudier deux ans à Saint-Paul et deux ans dans l’université partenaire et obtenir à la fin de sa scolarité deux diplômes, soit une licence ET un baccalauré­at», souligne Michelle Veilleux. C’est un grand avantage puisque, actuelleme­nt, lors d’échanges, l’étudiant obtient seulement un baccalauré­at de l’université canadienne à laquelle il est rattaché. Et ce cheminemen­t est possible dans les deux sens et donc accessible aux étudiants de l’université partenaire.

Le mot de la fin, on le laisse à Juliette Dedeur puisque peutêtre plus que d’un diplôme, c’est d’aventure humaine qu’il est ici question: «C’est enrichie que j’ai quitté Saint-Paul. Aussi avec un petit pincement au coeur, car la chaleur des autres étudiants, des professeur­s et de tous les membres du personnel va me manquer. Toute cette aventure était merveilleu­se, ainsi que ma vie sociale à côté. »

 ?? UNIVERSITÉ SAINT-PAUL ?? Depuis sept ans, l’Université est proactive dans le recrutemen­t d’étudiants francophon­es et francophil­es à l’étranger.
UNIVERSITÉ SAINT-PAUL Depuis sept ans, l’Université est proactive dans le recrutemen­t d’étudiants francophon­es et francophil­es à l’étranger.

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