LES FLÂNEURS
Des reporters boulimiques de culture partagent leur coup de coeur de la semaine
La violence de la meute
Le Web est un espace qui fait parfois sortir le plus exécrable de l’humain. La pièce La meute, présentée au théâtre La Licorne, rue Papineau à Montréal, nous plonge dans ces eaux troubles où la violence est verbale, virtuelle mais non moins virulente. Catherine-Anne Toupin, qui a écrit le texte, mène la troublante aventure en compagnie de Guillaume Cyr (vraiment épatant) et de Lise Roy. Si les décors minimalistes permettent de changer de lieu en deux pas, l’éclairage montre ce qu’il faut montrer et cache ce qu’il faut cacher. Une deuxième série de supplémentaires est prévue du 21 août au 1er septembre.
Le bonheur à roulettes
C’est davantage un rendez-vous sportif que culturel. N’empêche. Le Taz, ce repaire de passionnés de la roue et de la roulette en tous genres — trottinettes, rouli-roulant, vélos BMX —, a le génie d’offrir un refuge pour jeunes hyperactifs même au plus froid de l’hiver. Skate
park intérieur, ou planchodrôme, le Taz a été fondé en 1996 par trois mordus de la roulette, Janet McNulty, Michel Comeau et Pierre Sauvé, qui cherchaient un lieu pour faire un spectacle. Ces sports alternatifs étaient alors associés à la délinquance et personne ne voulait les accueillir. Désormais installé rue Papineau à Montréal, Le Taz est le plus grand planchodrôme au Canada.
L’envol inspiré de Pierre Morency
Après presque dix ans de silence, voici que le poète Pierre Morency, auteur de l’inoubliable Lumière des oiseaux, publie chez Boréal Grand fanal, un nouveau recueil de méditations et d’obser vations, poèmes et proses. Retrouver ses envols, sa finesse et la beauté de sa plume procure un nouvel enchantement. Ainsi dit-il du mot : « Le mot où se retrouvent le fil du fleuve et le chant de la rivière, le mot qui est seul à fondre le cri et le soupir, la question et l’aveu, le ventre et la tête. »
JFK lyrique
La chambre 850 de l’hôtel Texas, le 22 novembre 1963. Sous l’influence de la morphine, « Jack » (fade Matthew Worth) est hanté par ses ennemis, par le souvenir de sa soeur internée, par la fatalité. Mélancolique, « Jackie » (fabuleuse Daniela Mack) ploie quant à elle sous la tristesse : son mariage n’a pas tenu ses promesses, elle a perdu deux bébés… Entre drame intime et satire hurlante d’une Amérique grotesque, l’opéra JFK de David T. Little et Royce Vavrek manque de cohésion, mais jouit d’une scénographie inspirée. Certains numéros captivent, telle la rencontre persona entre Jackie Kennedy et Jackie Onassis. Discussions garanties. Jusqu’au 3 février.