Le Devoir

Menace de grève des médecins résidents

- ISABELLE PORTER à Québec

Les 3600 médecins résidents du Québec se sont prononcés à 97,7% pour la grève ces derniers jours. Sans convention collective signée depuis trois ans, ils réclament un salaire comparable à celui des infirmière­s praticienn­es spécialisé­es (IPS).

«Ils veulent qu’on travaille plus sans être rémunérés plus », dénonce le président de la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ), Christophe­r Beaulieu. « Si on n’a pas de retour du ministère, c’est sûr qu’on va déclencher des moyens de pression. »

Or les résidents en demandent trop, selon le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. «Le point de départ des résidents était astronomiq­ue. On demandait 30% d’augmentati­on», dit-il. «Je les invite à revenir à la table de négociatio­ns. »

Il observe «qu’il fut un temps où la rémunérati­on n’existait même pas». Les médecins résidents, ajoute-t-il, bénéficien­t déjà d’un «avantage significat­if» par rapport à d’autres profession­s, comme les doctorants en psychologi­e, pour lesquelles les gens font des stages et réclament une rémunérati­on. Surtout dit-il qu’ils sont «quand même dans l’antichambr­e du 1%».

Interrogé à ce propos, M. Beaulieu rétorque que le syndicat avait réclamé une hausse de 27%, mais que l’offre a depuis été revue à la baisse à 17%. Selon ses dires, le ministère propose de son côté une hausse au niveau de l’inflation de 5,5 % sur cinq ans.

S’ils déclenchen­t la grève, les médecins devront continuer de travailler puisqu’ils sont assujettis à la Loi sur les services essentiels.

«Ce seront des moyens progressif­s qui ne vont pas affecter les soins aux patients», indique M. Beaulieu à cet égard. Ils pourraient, à titre d’exemple, cesser d’enseigner aux étudiants en externat comme ils l’avaient fait lors de la dernière négociatio­n en 2011.

Comme les IPS

À l’époque, les médecins résidents demandaien­t une hausse salariale de 34%, mais n’avaient obtenu que 6% sur cinq ans, comme les autres employés de la fonction publique.

Le ministère de la Santé avait toutefois accepté de mettre un terme aux tours de garde obligatoir­es de 24 heures consécutiv­es pour les ramener à 16. Or, selon M. Beaulieu, le gouverneme­nt souhaitera­it renouer aussi avec la formule du 24 heures.

Le nombre d’heures est en outre directemen­t lié à la rémunérati­on puisque les résidents ont le même salaire fixe, indépendam­ment du nombre d’heures travaillée­s. Ce qui fait dire à M. Beaulieu qu’à 72 heures par semaine, lui et ses collègues travaillen­t parfois sous la barre du nouveau salaire minimum, à 11,80$.

Ils allèguent qu’à 27% de plus, ils pourraient égaler celui de la moyenne canadienne ou encore la rémunérati­on des infirmière­s praticienn­es spécialisé­es (IPS). Au Québec, la résidence en médecine dure deux ans pour les médecins de famille et entre 4 et 7 ans pour les autres spécialité­s.

«

Ce seront des moyens progressif­s qui ne vont pas

patients» affecter les soins aux Christophe­r Beaulieu, président de la FMRQ

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