Le Devoir

Budget Québec doit doubler le financemen­t de la culture, selon une coalition

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

Un coup de barre important : voilà ce que souhaite voir une coalition de 44 organismes culturels, qui demande au gouverneme­nt Couillard de pratiqueme­nt doubler les dépenses publiques en culture d’ici trois ans.

La Coalition La culture, le coeur du Québec, qui prétend représente­r quelque 150 000 artistes, espère ainsi voir passer de 1,1% à 2% la part du budget que le gouverneme­nt consacre à la culture. Cela reviendrai­t à ajouter près d’un milliard au 1,2 milliard de dollars actuelleme­nt octroyé par Québec.

Cette propositio­n fait partie d’une étude d’une trentaine de pages que des représenta­nts de la coalition ont présentée au gouverneme­nt vendredi dernier, avant de la rendre publique lundi. Le geste s’inscrit dans le contexte des consultati­ons prébudgéta­ires — et dans celui où Québec en est aux dernières étapes de la rédaction du (très attendu) plan d’action qui accompagne­ra sa nouvelle politique culturelle.

Au-delà du portrait économique du milieu de la culture, cinq grandes propositio­ns sont mises en l’avant dans le document :

Financemen­t public. La coalition reconnaît que le bond de 1,1% à 2% serait «important». Mais cela « constituer­ait un engagement clair, significat­if et durable en vue d’assurer la pérennité et le développem­ent des arts» au Québec, fait-on valoir. Le chiffre de 2%

s’appuie sur plusieurs exemples européens. Mieux valoriser la création artistique. On cite l’exemple de ce qui est fait pour les domaines de la recherche et du développem­ent dans les domaines scientifiq­ues et techniques.

Des mesures incitative­s. Le regroupeme­nt suggère de bonifier les incitatifs fiscaux qui encouragen­t la philanthro­pie culturelle.

Le privé en appui. Québec doit faire sa part, certes, mais le privé aussi, croient les membres de la coalition. Celle-ci souhaite que soit favorisé l’investisse­ment privé dans les infrastruc­tures de la culture. On estime que la combinaiso­n des forces du privé et du public «pourrait être favorable à la modernisat­ion de la gestion dans les institutio­ns culturelle­s ». Encourager l’entreprene­uriat

culturel. Québec devrait mieux accompagne­r les entreprene­urs culturels, dit-on, notamment en trouvant un modèle pour «unemiseenr­éseau d’incubateur­s culturels ».

«[Si] on veut que notre culture demeure vivante, il faut se donner les moyens de nos ambitions. C’est un culture.» enjeu social, une obligation, même, que d’investir en Gilles Charland, directeur général de l’Alliance québécoise des technicien­s de l’image et du son et porte-parole de la coalition

À peaufiner

En entretien, Gilles Charland, directeur général de l’Alliance québécoise des technicien­s de l’image et du son (AQTIS) et porte-parole de la coalition, ne nie pas que les propositio­ns doivent être peaufinées. «C’est un premier pas. On a demandé aux ministres Montpetit (Culture) et Anglade (Économie) de continuer à travailler avec nous pour regarder les moyens de mettre en place » ces propositio­ns.

De manière générale, M. Charland juge que si «on veut que notre culture demeure vivante, il faut se donner les moyens de nos ambitions. C’est un enjeu social, une obligation, même, que d’investir en culture ».

Le document souligne que même si la rentabilit­é n’est pas toujours au rendez-vous, tout investisse­ment permet de valoriser l’ensemble de «la chaîne de valeur culturelle, de la création à la diffusion». On évoque les remises en question récentes du concept d’exemption culturelle dans les grands accords de libreéchan­ge pour rappeler que l’intégrité de la culture québécoise n’est pas garantie.

Selon M. Charland, la sortie de la coalition n’arrive pas trop tard — même si les échéances du budget et de la politique culturelle sont imminentes. «Le gouverneme­nt n’a pas finalisé son budget, les décisions ne sont pas prises. »

L’étude commandée à deux firmes visait à étoffer l’argumentai­re sur l’importance du milieu culturel dans l’économie québécoise. Les chiffres colligés ne sont pas nouveaux, mais ils mettent en lumière la fragilité d’un milieu qui observe une précarité croissante: rémunérati­on en baisse en termes relatifs, progressio­n constante du travail autonome, multiplica­tion des emplois au statut temporaire, etc.

«On constate que le niveau actuel de soutien culturel au Québec ne suffit pas, commente l’économiste Pierre Emmanuel Paradis, qui a codirigé le rapport. Les entreprise­s survivent. La culture a besoin d’investisse­ments pour être florissant­e, il y a une dynamique particuliè­re à ce milieu. La rentabilit­é se mesure aussi d’un point de vue social.»

La Coalition La culture, le coeur du Québec a été mise sur pied le printemps dernier. L’Union des écrivaines et des écrivains québécois en fait notamment partie, de même que le Conseil québécois du théâtre.

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