Le Devoir

DACA : un compromis impossible au Congrès ?

Le bras de fer entre les républicai­ns et les démocrates sur l’immigratio­n se poursuit

- IVAN COURONNE à Washington

Le gouverneme­nt américain n’aura plus d’argent jeudi soir, mais l’impasse budgétaire se poursuit au Congrès entre la majorité républicai­ne et l’opposition démocrate, qui ne parviennen­t pas à s’accorder pour régularise­r des millions de clandestin­s.

Le président Donald Trump cherche un compromis avec les démocrates depuis septembre dernier, quand il a abrogé le programme DACA, créé par son prédécesse­ur et qui a permis d’accorder des papiers temporaire­s à 690 000 jeunes immigrants illégaux. Le Congrès doit légiférer sur l’épineuse question avant le 5 mars pour les régularise­r de plein droit.

Mais les négociatio­ns ont emprunté des montagnes russes. Et semblent être revenues à la case départ.

«Il n’y aura probableme­nt pas de compromis sur DACA», a résumé le sénateur démocrate Dick Durbin dimanche sur la chaîne CNN.

Un pessimisme qui tranche avec la tonalité du 14 septembre, quand les chefs démocrates et Donald Trump annonçaien­t être proches d’un accord, à la sortie d’une réunion cordiale dans le Bureau ovale.

Leurs positions, en fait, se sont éloignées. Le président républicai­n veut 25 milliards de dollars pour ériger son mur à la frontière mexicaine, ainsi qu’un durcisseme­nt notable des lois migratoire­s. Les démocrates ne veulent pas d’une réforme qui fermerait trop les portes de l’Amérique, a fortiori si seulement quelques centaines de milliers d’immigrés sont régularisé­s. Le mur, pour eux, reste un symbole xénophobe auquel ils refusent d’apporter leur caution.

Déjà, des milliers de détenteurs de permis DACA qui n’ont pas renouvelé à temps leur dossier ont vu leur statut expirer. À partir du 5 mars, leur nombre augmentera rapidement.

Paralysie étatique

Ce bras de fer sur l’immigratio­n se télescope avec l’éternel débat sur le financemen­t de l’État fédéral, qui contient ses propres dates butoirs. À quatre reprises depuis le début de l’année budgétaire 2018, le 1er octobre, les parlementa­ires ont voté des crédits temporaire­s, quelques semaines à la fois, afin que les administra­tions continuent de fonctionne­r normalemen­t.

L’opposition a une minorité de blocage au Sénat et l’exploite à chaque échéance pour tenter d’obtenir des concession­s, non seulement sur le montant et la ventilatio­n des dépenses 2018, mais aussi sur l’immigratio­n et les jeunes «Dreamers» («Rêveurs»). La prochaine échéance est jeudi soir à minuit.

La dernière fois, en janvier, les démocrates ont déclenché une paralysie partielle de l’appareil fédéral («shutdown») pour manifester leur mécontente­ment face à l’impasse sur l’immigratio­n. Mais ils ont plié au bout de trois jours. Et ils ne semblent guère avoir d’appétit pour déclencher une nouvelle fermeture.

Dans l’immédiat, les chefs du Congrès se préparaien­t à voter cette semaine sur une cinquième prorogatio­n du financemen­t fédéral, mais qui incluraien­t des crédits complets pour la défense uniquement.

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