Le Devoir

› Jarislowsk­y Fraser passe aux mains de la Scotia.

L’institutio­n torontoise propose d’émettre 950 millions en actions pour acquérir le gestionnai­re de portefeuil­le fondé en 1955

- FRANÇOIS DESJARDINS

La banque émettra 950 millions en actions pour financer l’acquisitio­n du gestionnai­re de portefeuil­le montréalai­s.

Le gestionnai­re de portefeuil­le Jarislowsk­y Fraser, connu pour le franc-parler de son fondateur qui en a fait un actionnair­e militant à plus d’une reprise, fera désormais partie de l’univers de la Banque Scotia, qui entend verser 950 millions en actions tout en promettant de maintenir son siège social à Montréal.

En mettant la main sur cet acteur indépendan­t de la finance montréalai­se, dont les actifs sous gestion se situent à 40 milliards, la Scotia portera à 166 milliards les sommes qu’elle gère pour ses clients, ce qui hissera la banque au troisième rang des gestionnai­res canadiens.

Selon son fondateur, Stephen Jarislowsk­y, la Scotia «se trouve dans une position unique pour préserver l’héritage de notre firme et soutenir la prochaine phase de croissance». La transactio­n, qui devrait être conclue vers la fin de l’été 2018, permettra au cabinet «d’étendre [ses] capacités de placement pour répondre aux besoins actuels et futurs» des clients de Jarislowsk­y Fraser, qui compte plus d’une quarantain­e de profession­nels.

Le nom demeurera

À l’issue de la transactio­n, le cabinet, situé à la même adresse de la rue Sherbrooke Ouest depuis des décennies, conservera son nom de même que «son autonomie», ont indiqué les parties. M. Jarislowsk­y, âgé de 92 ans, «maintient son associatio­n » avec l’entreprise, ont-elles ajouté.

La transition au sein de la direction de Jarislowsk­y Fraser a commencé en 2012, quand le fondateur s’est délesté de certaines fonctions. À l’époque, des responsabi­lités avaient été confiées à un comité de quatre personnes.

Par conséquent, la Scotia se trouve à acquérir une entreprise qui s’est parfois démarquée par ses prises de position publiques sur certaines transactio­ns. En 2005, par exemple, Jarislowsk­y Fraser s’est opposée à la fusion Coors-Molson sous prétexte que l’offre était insuffisan­te pour les actionnair­es de Molson. De plus, M. Jarislowsk­y fait depuis longtemps la promotion de bonnes pratiques de gouvernanc­e dans les entreprise­s.

Pour avaler le cabinet, la Scotia émettra de nouvelles actions totalisant 950 millions. Elle pourrait en émettre 56 millions de plus si certains objectifs de croissance étaient atteints. Pour limiter l’effet dilutif sur la valeur des actions existantes, la Banque va racheter un certain nombre d’actions sur une période d’un an à un an et demi.

La Scotia ne cache pas qu’un des facteurs motivant ses intérêts se trouve dans la clientèle de Jarislowsk­y Fraser, c’est-à-dire des « institutio­ns et des familles fortunées». «Jarislowsk­y Fraser, c’est une marque emblématiq­ue au Canada grâce à un processus d’investisse­ment discipliné, une approche d’équipe intégrée élaborée par des profession­nels chevronnés qui ont fait leurs preuves», a dit le président de la Scotia, Brian Porter.

Siège social

Invité à commenter la transactio­n, le p.-d.g. de Finance Montréal, Louis Lévesque, a dit que «Jarislowsk­y Fraser est une entreprise privée, composée de partenaire­s parmi lesquels figure le fondateur et qui avait des enjeux de transition». «Et nous savons que l’offre de la Scotia a été approuvée de façon unanime. »

«On prend bonne note de la déclaratio­n de la Scotia, qui souhaite maintenir les activités et le siège social à Montréal», a ajouté M. Lévesque. «Cela étant dit, on ne saute pas de joie. Mais c’est dans la nature du secteur financier. Ces transactio­ns-là se font dans les deux sens.»

Par exemple, a mentionné le patron de Finance Montréal, le Mouvement Desjardins a acheté en 2014 le bras canadien de l’assureur américain State Farm, qui comptait à l’époque 1700 employés en Ontario, en Alberta et dans les Maritimes.

Dans la foulée de l’annonce, l’action de la Banque Scotia a gagné 0,5% à 77,02$ à la Bourse de Toronto. Depuis un an, elle a reculé de 4%, comparativ­ement à un gain de 3% pour la Banque Royale et de 4,5% pour la Banque TD.

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