Le Devoir

Pas de fin en vue

- ROBERT DUTRISAC

Ainsi, la réforme du système de santé est terminée. C’est le ministre Gaétan Barrette qui le dit. Il ne resterait que des ajustement­s à lui apporter, du «peaufineme­nt», a-t-il affirmé. Qu’il nous soit permis d’en douter. En fait, nous ne sommes pas sortis du bois: c’est toute l’opération qu’il faudra revoir. Après avoir consenti des milliards de dollars de plus aux médecins — et ce n’est pas fini —, assortis, il faut le dire, de mesures coercitive­s, Gaétan Barrette peut montrer certaines améliorati­ons. Bien qu’il ait raté sa cible, l’accès aux médecins de famille est meilleur. Est-ce que la population y voit une améliorati­on spectacula­ire ? Si tel était le cas, on le saurait.

Quant à l’attente pour une chirurgie, là encore, les objectifs ne sont pas atteints. Selon les dernières données disponible­s, 14% des patients en attente d’une chirurgie élective l’étaient pour une période de plus de six mois, alors que l’objectif fixé était d’abaisser ce pourcentag­e à 10%. En décembre, on estimait à 2200 le nombre de patients qui attendaien­t une chirurgie depuis plus d’un an alors que le ministre s’était déjà engagé à mettre fin à ce dysfonctio­nnement. Pour faire bonne mesure, il faut toutefois mentionner que 5000 patients se retrouvaie­nt dans cette situation en 2016.

Pour ce qui est des urgences, rien de neuf sous le soleil : elles débordent. Il y a encore des patients qui y poireauten­t plus de 24 heures avant d’être soignés. Le déploiemen­t partiel des superclini­ques n’a pas eu d’effet significat­if.

Il est surprenant d’entendre Gaétan Barrette dire de sa réforme qu’elle est terminée alors qu’un de ses éléments parmi les plus importants à ses yeux n’a pas été mis en oeuvre, c’est-à-dire le financemen­t des hôpitaux à l’activité plutôt qu’en fonction de critères historique­s.

Achevée ou non, la réforme Barrette repose sur des bases discutable­s. Elle est médicalo-centriste et le cri du coeur des infirmière­s nous rappelle que c’est l’ensemble des profession­nels de la santé, et non pas seulement la caste déifiée des médecins, qui assure l’efficacité du réseau de la santé. Elle a négligé la prévention et les soins à domicile. Elle a poussé à l’extrême la centralisa­tion et accru à un niveau inégalé le pouvoir du ministre qui, lui, a muselé les voix objectives en mesure de le critiquer.

L’objectif ultime, c’est d’améliorer la santé de la population et, pourquoi pas, d’accroître la satisfacti­on des usagers. En cela, la réforme du ministre Barrette, dont les résultats sont modestes, devra être reprise de fond en comble par son successeur.

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