Le REER reste très présent dans le système de retraite
Vieillissement de la population aidant, le régime enregistré d’épargne-retraite (REER) continue de s’imposer dans le système de retraite au Québec. La cohorte des 55-64 ans va toutefois accaparer le tiers des cotisations.
Un peu moins de la moitié des travailleurs québécois ne dispose d’aucun régime complémentaire de retraite. Dans la dernière édition du Bulletin de la retraite, une initiative de l’Institut de recherche en économie contemporaine, on ajoute qu’en excluant les régimes publics, moins du quart de la main- d’oeuvre ne cotise qu’à un REER.
Si la proportion de cotisants varie de 19 à 30 % selon la tranche de revenu de 20 000 $ et plus, le gros des cotisations se concentre chez les plus fortunés, le segment de revenu de plus de 80 000 $ retenant près de 60 % des cotisations à un REER en 2015. L’auteur de ce survol, Riel Michaud-Beaudry, rajoute que « ce sont les personnes entre 55 et 64 ans qui cotisent le plus au REER en constituant 33 % de l’ensemble des cotisations réalisées au Québec, contre 17 % pour les personnes gagnant entre 40 000 $ et 59 999 $. Le revenu d’emploi médian des cotisants à un REER était de 53 750 $ en 2015, soit beaucoup plus que la médiane de 30 900 $ pour la même année », ajoute-t-il.
Certes, le plafond de contribution REER augmente avec le revenu, mais il est plafonné à 18% du revenu gagné de l’année précédente. Et il est réduit d’un facteur d’équivalence calculé selon les cotisations à un régime complémentaire, susceptible d’être plus présent dans le segment des travailleurs plus âgés. Sur ce point, l’auteur n’est pas sans évoquer la diminution en matière de quantité et de qualité des régimes d’employeurs au fil des années.
Ainsi, même si le plafond était de 24 930 $ en 2015 (il est de 26 010$ en 2017), la cotisation médiane au REER était de 2650 $ cette année-là, de 13 160 $ pour les personnes gagnant plus de 80 000$, loin du maximum permis.
Riel Michaud-Beaudry parle d’« inégalités importantes » relatives aux cotisations REER. Et malgré l’ef fet de l’introduction du compte d’épargne libre d’impôt en 2009, cette conclusion est confirmée lorsque l’on compare avec les 60 000 à 80 000 $, qui comptent pour grosso modo 20% des cotisants, mais pour 18 % des cotisations. « Mais il est vrai que le CELI peut jouer » , ajoute- t- il, notamment pour les arbitrages REER-CELI selon l’âge et le revenu.
Le principal considérant pour cet arbitrage est le taux d’imposition implicite ou effectif, qui tient compte des crédits sociofiscaux, au moment de la cotisation, que l’on souhaitera plus élevé que celui au moment du décaissement dans le cas d’un REER. Ainsi, en début de carrière, lorsque le taux d’imposition est moindre, la contribution au CELI l’emportera.
Les fonds fiscalisés peuvent également venir atténuer les inégalités, ce véhicule offrant un crédit d’impôt de 30 % à l’achat ( de 35 % pour Fondaction) étant surtout populaire auprès de la classe moyenne. Pour l’année d’imposition 2014, près de 78% du montant total des crédits d’impôt relatifs à un fonds de travailleurs sont utilisés par des contribuables ayant un revenu total se situant entre 35 000 $ et 100 000 $, peut- on lire. L’auteur précise toutefois que les données utilisées tiennent compte de l’ensemble des REER, y compris les contributions à un fonds de travailleurs effectuées au sein d’un tel régime.
Le gros des cotisations se concentre chez les plus fortunés, le segment de revenu de plus de 80 000$ retenant près de 60% des contributions en 2015