Radio-Canada : plus de CD à céder et pas de vinyles détruits
En combinant ses archives numériques avec celles de la CBC torontoise, RadioCanada pourrait être capable d’ajouter un nombre important de disques compacts à la liste de ses oeuvres qui pourront légalement être confiées à un organisme intéressé. La société d’État, qui pourrait pilonner la version physique de 150 000 CD dématérialisés, assure par ailleurs qu’elle ne détruira aucun disque de sa collection de vinyles.
« Les CD déjà dématérialisés par CBC à Toronto et que RadioCanada n’aura pas à dématérialiser viendront s’ajouter aux 56 000 doublons qui feront l’objet d’un appel d’intérêt par RadioCanada », a confirmé au Devoir Marie Tétreault, chef de la promotion Information Télévision. Le nombre exact de disques ainsi sauvés sera précisé à la fin de l’exercice, mais des sources évoquent quelques dizaines de milliers d’exemplaires.
La destruction éventuelle des CD du diffuseur public, faite dans le cadre de son déménagement en 2020 dans des locaux 40% plus petits, est justifiée par Radio-Canada par la Loi sur le droit d’auteur. Celle-ci, juge-t-il, l’empêche de confier à un tiers la copie originale physique des disques dématérialisés sans devoir en libérer les droits.
Mais en considérant les archives numériques de CBC et de Radio- Canada comme une seule grande base de données, cela permettrait au personnel de la grande tour montréalaise de ne pas avoir à importer sur les serveurs les oeuvres déjà présentes en version dématérialisée à Toronto. Et par le fait même d’en éviter la destruction.
« On est en train de faire le tri, dit Marc Pichette, premier directeur, relations publiques et promotion à Radio-Canada. Oui, ça pourrait bonifier l’inventaire de doublons. » Il refuse toutefois d’en estimer tout de suite la quantité.
Cette approche globale semble nouvelle par rapport à ce qui avait été annoncé dans les derniers jours par le diffuseur. « Le gros des calculs a été fait, mais il y a des tris qui continuent à se faire, c’est un processus qui est vivant, et il se poursuit actuellement » , explique M. Pichette. Ce dernier, comme Mme Tétreault, fait partie du Comité de gestion du patrimoine de Radio-Canada.
Détruire ou libérer ?
La collection totale de disques compacts s’élève à 210 000 albums, dont 56 000 possédés en plusieurs exemplaires, et qui ne sont donc pas régis par les règles sur la reproduction.
« Tout le monde parle de destruction et pas grand monde parle de conser vation » , déplore Marc Pichette, rappelant que toute la collection de CD de Radio- Canada — musique et pochettes — sera à terme dématérialisée et accessible pour les différentes productions.
Quant à la libération des droits, elle aurait pris « de nombreuses années à négocier [avec notre] inventaire qui est majoritairement international, dit M. Pichette. On parle d’un travail qui est complexe, colossal et extrêmement coûteux. » Le coût de destruction de manière écologique des copies physiques des CD, quant à elle, serait bien inférieur à 100 000$, dit-il, refusant d’estimer les coûts, un appel d’offres étant actuellement ouvert.
« On a pris les pistes les plus logiques en matière de gestion devant la situation à laquelle on faisait face », conclut-il.
Pas de vinyles détruits
Dans les prochains mois, Radio- Canada fera un appel d’intérêt pour confier sa collection de quelque 270 000 vinyles à un organisme désireux de les conserver tout en laissant au diffuseur un accès au contenu.
Du lot, seulement 2000 vinyles ont été numérisés au fil des années. Ceux-ci ne pourront donc être cédés aux yeux de la Loi sur le droit d’auteur, mais Marie Tétreault assure toutefois qu’ils ne seront pas détruits. « Ils vont être conservés. Je ne peux pas dire où, mais Radio- Canada va les conserver. » Elle affirme aussi que le vinyle, comme matériau, se conser ve beaucoup plus longtemps que le CD, « qui n’a pas une durée de vie illimitée ».
La société d’État a par ailleurs fermé son appel d’intérêt pour ses partitions commerciales. Le processus d’évaluation des propositions est en cours.