Le Devoir

› Les excuses des Grands Ballets canadiens.

Dans la foulée de la controvers­e, un des chorégraph­es de la soirée Femmes quitte la programmat­ion

- ANNABELLE CAILLOU Le Devoir

Le directeur artistique dit avoir entendu les critiques et choisi en conséquenc­e de changer le titre du spectacle Femmes pour Parlami d’Amore.

Devant les multiples critiques à l’encontre de sa 62e programmat­ion, le directeur artistique des Grands Ballets canadiens ( GBC) a présenté ses excuses mardi et remplacé le titre du spectacle

Femmes par Parlami d’Amore.

Un programme triple qui a d’ailleurs perdu l’un de ses chorégraph­es, mardi.

« Les chorégraph­es commençaie­nt à se sentir menacés et se [ questionna­ient] sur la thématique après la pétition. C’était ma responsabi­lité de prendre le poids [ des critiques] sur mes épaules et d’opérer ce changement pour permettre un dialogue et ouvrir sur le thème de l’amour et de la paix », a expliqué en entrevue avec Le Devoir le directeur artistique Ivan Cavallari.

La programmat­ion 20182019 des GBC — et particuliè­rement le spectacle Femmes

— a soulevé une vague de contestati­on dans le milieu de la danse et au sein même de la compagnie dans la dernière semaine. Présentée comme « une ode à la femme », la saison ne comptera qu’une seule d’entre elles parmi ses chorégraph­es, Cathy Marston, sur les six spectacles et huit chorégraph­es annoncés. Un choix artistique jugé déconnecté de la discussion sociale, « rétrograde » , « macho » , ou même « opportunis­te » par plusieurs artistes du milieu.

Une pétition a même été lancée par la chorégraph­e toron- toise Kathleen Rea sur Internet pour demander « l’ajout d’une chorégraph­e féminine au programme Femmes » et appeler les GBC à « utiliser un langage marketing plus respectueu­x envers les femmes ». Plus de 2700 personnes l’avaient signée mardi au moment d’écrire ces lignes.

« Je n’ai voulu offenser personne. Nous avons entendu, nous prenons acte et nous réaffirmon­s notre ouverture au dialogue, en continuant de faire place aux femmes » , insiste Ivan Cavallari, rappelant qu’il avait invité trois femmes chorégraph­es et une chef d’orchestre au cours des six prochains mois à « faire entendre leur voix aux Grands Ballets ».

Un chorégraph­e s’en va

Devant la déferlante de cri- tiques qui visaient particuliè­rement la soirée Femmes, le chorégraph­e français Medhi Walerski a préféré annuler sa participat­ion.

« Le récent communiqué de presse et ses critiques subséquent­es sur les médias sociaux m’ont fait reconsidér­er ma participat­ion à ce programme particulie­r […] j’ai pris la décision de sortir de ce programme », a annoncé mardi Medhi Walerski dans un message sur son compte Facebook.

Il devait prendre part à la création de la soirée Femmes — désormais Parlami d’Amore — aux côtés de Douglas Lee et Mar wik Schmitt en mai 2019. « Même si je suis reconnaiss­ant pour l’occasion et la confiance que m’ont offertes les Grands Ballets csa-

nadiens, je ne peux pas rester silencieux » , a ajouté Medhi Walerski, rappelant avoir été soutenu, formé, et accompagné par de nombreuses chorégraph­es féminines tout au long de sa carrière, des femmes qui ont constitué « l’un des piliers les plus forts de [ son] travail » .

« Il est temps de remettre en question et d’inverser le déséquilib­re généralisé entre les sexes », poursuit-il.

Ivan Cavallari a indiqué en entrevue mardi avoir déjà approché un autre chorégraph­e pour remplacer Medhi Walerski, et se dit en attente d’une réponse. « Je garde l’idée de base qui est d’avoir trois hommes pour parler d’amour et on aura trois femmes dans la saison prochaine », indique-t-il.

Nous avons entendu, nous prenons acte et nous réaffirmon­s notre ouverture au dialogue Ivan Cavallari, directeur artistique des Grands Ballets canadiens

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ISTOCK Présentée comme « une ode à la femme », la programmat­ion des Grands Ballets n’en comptera qu’une seule parmi ses chorégraph­es, situation qui a provoqué la controvers­e en début de semaine.

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