Québec réactive des projets de garderies
Quelque 5800 places seront ajoutées dans le réseau pour répondre aux besoins répertoriés
Après avoir reporté la création de nouvelles places en centre de la petite enfance (CPE), promises pour 2015, le gouvernement réalise aujourd’hui que certains de ces projets étaient absolument nécessaires et annonce des mesures pour accélérer leur concrétisation.
Quelque 275 projets de garderies subventionnées, qui ont reçu l’aval du gouvernement en 2011-2013, sont toujours sur la glace. Ces nouvelles places, qui devaient être disponibles pour 2015, ont été reportées jusqu’en 2021 pour des raisons budgétaires, explique-t-on au ministère de la Famille.
Or, après avoir procédé pour la toute première fois à une analyse fine de l’of fre et de la demande, qui permet de voir dans quelles régions il y avait réellement des besoins et dans quelles autres on était en surplus de places, le ministère réalise qu’il faut accélérer le développement de 92 de ces projets, dont 90 en CPE, dans des régions considérées comme étant « en déficit ».
C’est l’équivalent de 3800 places, dans plusieurs régions du Québec, dont Montréal, la capitale nationale, l’Estrie, l’Outaouais, Lanaudière, les Laurentides, la Montérégie et le Centre-du-Québec.
« Oui, dans certains cas, il y a des projets qui ont été retardés pour des considérations financières, mais aujourd’hui, ce que l’on dit, c’est que dans les endroits où il y a vraiment des besoins, on souhaite faciliter et accélérer la réalisation de ces projets-là », explique le ministre de la Famille, Luc Fortin, au terme d’une conférence de presse dans un CPE du quartier industriel de l’arrondissement de Saint-Laurent, mardi.
2000 nouvelles places
Québec viendra donc donner « un coup de pouce » à ces projets, soit en les aidant financièrement ou en devançant le calendrier de réalisation prévu. Les projets dans les milieux défavorisés, dans des régions ressources ou en milieu autochtone obtiendront une aide financière accrue de Québec.
Et même avec ces 3800 places supplémentaires, certaines régions seront encore en déficit, selon les prévisions du ministère. Le ministre annonce donc la création de 2000 nouvelles places, dont 85 % en CPE et 15 % en garderie subventionnée.
Luc Fortin affirme avoir choisi de favoriser le développement de CPE pour rétablir un certain équilibre dans le réseau. « Au cours des dernières années, il y a eu davantage de places développées en garderie privée non subventionnée et moi, je souhaitais que l’on puisse rétablir cet équilibre-là pour offrir un réel éventail de choix pour les parents. »
Le ministre assure avoir les ressources budgétaires pour financer la création et l’accéléra- tion du développement de ces 5800 places, mais refuse de quantifier les sommes qui seront nécessaires. Il confirme toutefois qu’il ne s’agit pas d’argent frais.
Déploiement mieux structuré
Le ministre Fortin ne s’étonne pas outre mesure du fait que jamais ses prédécesseurs n’ont évalué les besoins spécifiques à chaque région pour savoir lesquelles étaient en déficit ou en surplus. Il se réjouit plutôt de pouvoir, dorénavant, « créer de bonnes places au bon endroit ».
« C’est une nouvelle façon de faire qui est développée au ministère, ça n’existait pas avant, confirme-t-il. En même temps, c’est un réseau qui a à peine 20 ans, qui s’améliore au fil du temps [… ] Dorénavant, on va avoir un déploiement du réseau beaucoup mieux structuré, beaucoup mieux organisé sur l’ensemble du territoire. »
À l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), le directeur général Louis Sénécal soutient que Québec propose aujourd’hui un « remède à une situation qu’il a luimême créée en début de mandat ».
« Il est dif ficile de ne pas être cynique, à quelques mois des élections, mais on va quand même garder en tête que c’est une bonne nouvelle pour les familles qui ont été privées de ces services-là depuis très longtemps. »