Le Devoir

Il y aurait 16 millions de papillons monarques de moins que l’an dernier

- MIA RABSON à Ottawa

C’est

à ce moment de l’année que les rois de l’univers des papillons émergent de leur hibernatio­n au Mexique à la recherche de l’amour, prêts à se multiplier.

Les scientifiq­ues ont toutefois prévenu cette semaine que le nombre de monarques qui entameront cette année leur périlleuse migration de 5000 kilomètres vers le Canada est en déclin important, en raison des intempérie­s de l’automne dernier.

Une étude dévoilée lundi par le Fonds mondial pour la nature (WWF) et la Commission nationale mexicaine des aires protégées témoigne d’un recul de 15% de la superficie de zones forestière­s occupée par les monarques dans le centre du Mexique cet hiver. En termes absolus, cela représente probableme­nt 16 millions de papillons en moins que l’an dernier.

Les monarques sont un rouage essentiel de l’écosystème nord-américain, puisqu’ils pollinisen­t plusieurs fleurs sauvages et servent de nourriture aux oiseaux et à d’autres insectes.

Une spécialist­e de la conservati­on des espèces pour WWF Canada, Emily Giles, a expliqué que la population de monarques fluctue, mais qu’on obser ve une tendance à la baisse depuis 25 ans. « On pense que c’est un autre indice d’une autre espèce, une autre espèce de pollinisat­eurs, qui est en déclin », a-t-elle dit.

Les monarques sont déjà considérés comme menacés au Canada, rappelle Mme Giles.

Au cours de la dernière année, un automne plus chaud que prévu a incité les papillons à retarder leur départ pour le Mexique, et lorsqu’ils se sont finalement envolés, plusieurs ont été tués par les ouragans et les tempêtes tropicales qui ont balayé l’Amérique du Nord.

Un habitat qui rétrécit

La population de monarques est mesurée à partir de la superficie de forêts où les scientifiq­ues les trouvent pendant leur hibernatio­n de décembre et janvier.

En 1993, les papillons occupaient 6,23 hectares de forêt dans le centre du Mexique, dans les États de Mexico et du Michoacán — soit l’équivalent d’environ 12 terrains de football.

L’an dernier, les monarques n’ont eu besoin que de 2,48 hectares, soit seulement 4,5 terrains de football.

La perte d’habitat entraînée par la déforestat­ion et les intempérie­s associées aux changement­s climatique­s sont les principaux responsabl­es de ce déclin, selon le rapport du WWF.

Les monarques se reproduise­nt sur au moins quatre génération­s chaque année — dont trois qui durent entre six et dix semaines et qui ont lieu au Canada et aux États- Unis entre mars et septembre. La quatrième génération survit plusieurs mois, migrant vers le sud jusqu’en Californie et au Mexique, où les papillons hibernent avant de repartir vers le nord pour pondre au printemps.

Mme Giles indique que les Canadiens peuvent aider les papillons en plantant des asclépiade­s dans leurs jardins ; cette plante indigène est la seule où les monarques pondront leurs oeufs.

Elle explique que les asclépiade­s ont été éradiquées par les herbicides au cours des dernières décennies, et que leur remplaceme­nt est donc essentiel à la sur vie des papillons. « C’est une espèce que nous pouvons tous aider et je pense que nous l’aimons et que nous tenons à elle. C’est un peu un emblème national. »

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