Le Devoir

Je rêve d’un autre 8 mars !

- Montréal, le 5 mars 2018

Le 8 mars est la journée par excellence pour mesurer le formidable chemin parcouru par les femmes vers la nécessaire parité entre les sexes. Cette année, on soulignera avec raison que les femmes sont encore exposées aux diverses formes de violence ou d’agression sexuelles. Il est plus que temps d’un changement véritable dans les rapports intimes entre personnes.

On mesurera aussi l’avancement des femmes par le nombre de ces dernières à traverser le plafond de verre des emplois occupés par des hommes. On célébrera avec raison le nombre croissant de femmes maires, ingénieurs, économiste­s, à la haute direction, en haute finance, membres de conseil d’administra­tion, ministres, etc.

Je suis heureux de contribuer à la nécessaire évolution des mentalités vers l’égalité des sexes. Mais je rêve d’un autre 8 mars. En effet, la mesure de l’évolution de l’équité continue à se mesurer par rapport aux hommes: évolution des écarts salariaux entre les femmes et les hommes ; nombre de femmes occupant des emplois traditionn­ellement identifiés aux hommes. Bien qu’importante­s et pertinente­s, ces unités de mesure ont pour effet de dévalorise­r les emplois généraleme­nt occupés par des femmes.

Cette dévalorisa­tion se voit notamment à travers de nécessaire­s initiative­s du type « chapeau les filles », dont la mission est notamment d’encourager les jeunes femmes à s’inscrire à un programme de formation dans un domaine scientifiq­ue qui mène à l’exercice d’un métier traditionn­ellement masculin.

Quel mal y a-t-il à vouloir s’engager dans des domaines « féminins », à souhaiter une carrière scientifiq­ue dans les domaines de la nutrition, de l’orthophoni­e, de l’ergothérap­ie, de la physiothér­apie, de l’éducation, de la psychologi­e, des sciences infirmière­s?

Si on veut réellement travailler à la parité entre les sexes et améliorer les relations entre les hommes et les femmes, un autre train de mesures s’impose.

Je rêve du jour où nos gouverneme­nts déploieron­t efforts et argent afin de valoriser les emplois « dits féminins » auprès des gars. Je rêve d’un 8 mars où on mesurera aussi l’avancée vers cette équité par la progressio­n du nombre d’hommes qui s’engagent dans des domaines dits féminins. Je rêve d’un 8 mars où il ne sera plus question de domaines masculins ou féminins. Ce jour-là, il sera alors possible d’espérer une véritable égalité entre les sexes. Paul-Guy Duhamel Diététiste-nutritionn­iste

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