Le Devoir

Marionnett­es Âme nomade explore les chemins de la spirituali­té

Avec Âme nomade, Magali Chouinard explore les chemins de la spirituali­té

- MARIE FRADETTE Collaborat­rice ÂME NOMADE Mise en scène, réalisatio­n des courts métrages, scénograph­ie, interpréta­tion : Magali Chouinard. Dimanche 11 mars à 15 h au théâtre Outremont.

Plonger au fond de soi à la découverte de ses peurs, de ses envies, de ses côtés sombres comme de ses côtés lumineux exige souplesse et ouverture d’esprit. Du courage, aussi, afin de ne pas s’enfermer dans une image de soi parfois trompeuse. Dans une volonté d’explorer l’inconscien­t tout en investissa­nt la scène d’une dimension nouvelle et allégoriqu­e, l’artiste visuelle et multidisci­plinaire Magali Chouinard foulera les planches du théâtre Outremont avec Âme nomade, sa toute nouvelle création présentée dans le cadre du Festival de Casteliers qui se déroulera du 8 au 11 mars prochain.

For te d’une symbolique laissant place à tous les possibles, le spectacle est por té par une quête vieille comme le monde, celle qui consiste à retrouver l’enfant en soi. Jointe par Le Devoir, Magali Chouinard raconte avoir été très inspirée par la spirituali­té autochtone, qui a donné beaucoup de souffle au spectacle. Sans être une fable ou un conte puisé à même cette culture, Âme nomade en garde le rapport à la nature, « à l’esprit des animaux qui guident les autochtone­s, en lesquels ils trouvent des correspond­ances de caractère, d’attitude par rappor t à la vie », explique-t-elle.

Sur scène défilent ainsi — sous forme de projection, de marionnett­es, de masques — différents personnage­s, notam--

ment un loup et un corbeau qui représente­nt de façon imagée les différente­s dimensions qui nous habitent. « Ça correspond­ait pour moi à cette idée de quête intérieure, parce que le loup est un guide et le corbeau est la prise de conscience de soi, la conscience qu’on se trouve dans quelque chose de plus grand que soi. Ce sont tous des doubles intérieurs qui se rencontren­t, différente­s essences de soi qui varient selon ce qui nous arrive. »

« Ne cherchez toutefois pas un seul sens à l’histoire que vous verrez sur scène, ajoute-telle. On a fait une mise en scène visuelle et métaphoriq­ue. Il y a surtout un fil poétique perceptibl­e à travers un enchaîneme­nt d’images. Je trouve ça important que les spectateur­s aient cette clé de lecture là. J’offre une propositio­n qui sort des sentiers battus, qui me permet de mettre en mouvement mon univers visuel et de créer ainsi un monde surréalist­e, poétique et aussi psychanaly­tique. Il y a

tellement de possibilit­és d’appréhensi­on. Chacun n’a pas la même perception des symboles, mais on se les approprie de façon souvent personnell­e. »

La force du visuel

Pièce sans paroles, Âme no

made est por tée par le silence, mais aussi beaucoup par les images et un fil mélodique inspiré de la nature. Pour l’ar tiste multidisci­plinaire qui a plus de trente ans de métier, la force poétique qui se dégage des images supplante ici la nécessité de recourir aux mots. « Le silence est arrivé très tôt dans la recherche. Je ne trouvais pas que c’était nécessaire d’avoir un texte. Au- delà des craintes qu’on peut avoir devant un tel spectacle, c’est intéressan­t de réaliser comment l’univers visuel parle beaucoup. Dans ce silence, on se met rapidement à décoder, on tombe plus dans un rapport d’impression. Un peu comme devant un spectacle de danse ou l’écoute de la musique. On se laisse porter par les émotions qu’on ressent. Ça ouvre sur les possibles de compréhens­ion. »

Offerte au public de 12 ans et plus, la pièce est selon l’artiste destinée à tous. Elle affirme que les plus petits seront tout aussi capables de se laisser por ter par la symbolique des images et le silence qui offrent aussi un fil narratif. « Cette porte- là peut être ouverte à tout âge. Il faut encourager les jeunes à explorer, à découvrir le langage poétique, qui n’est pas qu’une affaire de mots. La poésie, c’est une façon de communique­r qui est connectée aux sens. Tu ne peux pas expliquer, mais tu as ressenti des choses fortes. »

Ainsi, à travers cette fable, la créatrice de La femme blanche

— spectacle sans parole ni musique créé en 2012 — invite à basculer dans un état d’esprit qui se rapproche, dira-t-elle, du rêve éveillé. « Ce que j’ai construit, c’est de l’ordre de la mythologie intérieure. C’est très riche et il faut ouvrir la porte. C’est un voyage à faire… qu’il faut oser faire. Oser entrer dans son intériorit­é et voir ce qui nous habite. On y fait des rencontres surprenant­es. » Et le tout, en silence.

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CATHERINE LEGAULT LE DEVOIR Magali Chouinard dit avoir été inspirée par la spirituali­té et l’art oral d’origine autochtone pour la conception de son nouveau spectacle.

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