Le Devoir

Le ministre Champagne veut redresser la barre

En 2017, les investisse­ments étrangers au Canada ont atteint un creux en sept ans

- JULIEN ARSENAULT

En mettant sur pied un organisme qui vise à attirer les investisse­ments étrangers au Canada, Ottawa assure qu’il n’alourdira pas davantage le démarchage déjà effectué par des agences comme Investisse­ment Québec (IQ) et Montréal Internatio­nal.

Selon le ministre du Commerce internatio­nal, FrançoisPh­ilippe Champagne, Investir au Canada aura plutôt une mission de «coordinati­on» visant à offrir un service intégré à guichet unique aux investisse­urs étrangers. «La plupart des pays du G7 ont déjà une agence comme celle-là, a-t-il expliqué mardi au cours d’un point de presse à Montréal. Je pense que l’on rattrape un peu de retard.»

Après avoir annoncé l’initiative la veille, M. Champagne était dans la métropole pour rencontrer les gens d’affaires en compagnie du dirigeant de l’agence, Ian McKay, et du président du conseil d’administra­tion, l’homme d’affaires montréalai­s Mitch Garber. Le gouverneme­nt Trudeau consacre à l’agence — qui sera établie à Ottawa mais qui aura des bureaux régionaux à l’échelle du pays — un budget de 218 millions pour les cinq prochaines années.

La création d’Investir au Canada survient au moment où les investisse­ments directs étrangers effectués au Canada n’ont été que de 33,8 milliards l’an dernier, selon Statistiqu­e Canada. Cette performanc­e, qui constitue un creux depuis sept ans, est bien loin du sommet de 126,1 milliards atteint en 2007. «Nous avions besoin d’une vision qui regarde le Canada avec les yeux d’un investisse­ur étranger», a expliqué M. Champagne, soulignant au passage que l’agence en était encore à un stade embr yonnaire.

Si la tendance des investisse­ments étrangers est à la baisse à l’échelle nationale, le Québec a échappé au phénomène, du moins l’an dernier. Montréal Internatio­nal a connu une excellente année avec plus 2 milliards de dollars d’investisse­ments de la part d’entreprise­s étrangères, en hausse de 50% par rapport à 2016. De son côté, pour l’exercice 20162017, Investisse­ment Québec — le bras financier du gouverneme­nt québécois — dit, dans son rapport annuel, avoir «facilité la concrétisa­tion» de 65 projets dont la valeur est estimée à environ 1,5 milliard.

M. Garber a estimé qu’il était nécessaire qu’un organisme fédéral tente d’inverser la tendance observée à l’échelle nationale, disant s’être impliqué afin d’insuffler une dose «d’entreprene­uriat» à l’agence. « Nous avons besoin de conseiller­s à l’étranger pour nous aider à convaincre des entreprise­s à venir ici, a dit l’ex-“dragon” et président du conseil d’administra­tion du Cirque du Soleil. Je crois que je peux aider à faciliter le réseautage. »

Dans l’ensemble, la quasi-totalité des associatio­ns d’affaires et patronales ont accueilli favorablem­ent la création de cette agence alors que la concurrenc­e entre les grandes villes pour séduire les entreprise­s est de plus en plus féroce.

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