Le Devoir

La SAQ a une préférence pour le «pot» québécois

- FRANÇOIS DESJARDINS MARIE VASTEL

La future Société québécoise du cannabis (SQC) comptera 58 tonnes de cannabis dans ses réserves dès sa première année d’activités. La Société des alcools du Québec a confirmé mercredi s’être entendue avec six producteur­s de marijuana qui approvisio­nneront la SQC une fois la drogue légalisée.

L’unique producteur québécois de marijuana médicale à l’heure actuelle, l’entreprise Hydropothi­caire en Outaouais, sera le plus important fournisseu­r de la société d’État québécoise: 20 000 kilos pour la première année suivant la légalisati­on de la marijuana à des fins récréative­s.

La compagnie Canopy Growth fournira 12 000kilos, MedReleaf et Aphria mettront 8000kilos à la dispositio­n de la SQC, tandis qu’Aurora Cannabis et High Park — une filiale du producteur Tilray — lui ont garanti chacun 5000kilos. Canopy Growth et Aurora Cannabis ont des installati­ons en sol québécois, ce qui permet à la SAQ de se réjouir que trois des six producteur­s de cannabis auprès desquels s’approvisio­nnera la SQC sont présents dans la province.

« On doit se préparer pour que, si les lois sont adoptées, on soit en mesure d’entrer en fonction le plus rapidement possible », explique un porte-parole de la SAQ, Mathieu Gaudreault. «On voulait s’assurer de sécuriser ces quantités pour éviter qu’il y ait des pénuries sur le marché. »

La SAQ a le mandat de mettre sur pied son entité équivalent­e qui sera chargée de la vente de cannabis récréatif au Québec. Le futur marché de consommati­on a été évalué à 50 000 kilos pour sa première année. Lorsque le réseau de la SQC sera fonctionne­l, la société d’État pourrait revoir ses ententes afin de bonifier ses ententes d’approvisio­nnement.

L’entente décrite par Hydropothi­caire table sur un horizon de cinq ans, une nouveauté par rapport à l’annonce des lettres d’intention au mois de février, a fait remarquer l’analyste Chris Damas, éditeur du BCMI Cannabis Report.

Après les 20 000kilos de l’an 1, la compagnie livrera 35 000 et 45 000kilos les deux années suivantes. Les années 4 et 5 seront déterminée­s en fonction des ventes réalisées jusque-là. L’entente, résiliable dans «certaines circonstan­ces», pourra également être prolongée d’un an.

«Les quantités à fournir seront évaluées chaque mois en fonction de la demande», a indiqué Aurora dans un communiqué. Pour le producteur, les 5000 kilos prévus dans l’entente sont un minimum, et «aucune limite maximale n’a été fixée ».

Stimulant boursier

L’annonce a eu un effet immédiat sur les titres des producteur­s de cannabis inscrits en Bourse. L’action d’Hydropothi­caire est celle qui a affiché le plus gros gain, bondissant de 15% à l’ouverture avant de céder une partie du gain pour terminer en hausse de 13% à 4,02$. Cela lui donne une valeur boursière de 722 millions.

Les autres titres ont connu des augmentati­ons moins impression­nantes. Alors que MedReleaf a grimpé de 7,6% à 16,80$ (1,7 milliard), Aphria a gagné 2% à 10,09$ (2,1 milliards). Aurora Cannabis, qui produit du cannabis en Alberta et dans l’ouest de Montréal, a progressé de 0,5% à 7,93$ (4,5 milliards). Le poids lourd Canopy Growth, basé en Ontario avec une présence à Mirabel, a grimpé de 0,6% à 27,66$ (5,5 milliards). High Park n’est pas en Bourse.

L’approche de la légalisati­on de l’usage récréatif fait en sorte que le secteur, très volatil et perçu comme spéculatif par certains, retient de plus en plus l’attention des institutio­ns financière­s. Par exemple, la Banque de Montréal vient de se doter d’une analyste qui couvrira le secteur à temps plein. Elle travaillai­t auparavant dans l’équipe consacrée aux produits de consommati­on. La BMO a également été la première grande banque à piloter un appel public à l’épargne avec une vente d’actions de 175 millions pour Canopy cet hiver.

Le développem­ent continu du secteur a également incité le cégep de l’Outaouais à mettre sur pied un programme de formation. Le cégep, qui offrirait une attestatio­n d’études collégiale­s, a formé un partenaria­t avec Hydropothi­caire, celui-ci étant basé dans le secteur Masson-Angers de Gatineau.

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JUSTIN TANG LA PRESSE CANADIENNE Le futur marché de consommati­on a été évalué à 50 000kilos pour la première année.
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