Le Devoir

Vincent Marissal avoue avoir menti

Le candidat souhaite tourner la page sur ses premiers pas en politique

- MARIE-MICHÈLE SIOUI Correspond­ante parlementa­ire à Québec

«Q u’on passe à autre chose.» Voilà ce qu’a suggéré le candidat solidaire Vincent Marissal mercredi soir, quelques instants après qu’il eut reconnu avoir menti au sujet des discussion­s qu’il a eues avec le Parti libéral du Canada (PLC).

«Sur le coup, oui, je n’ai pas dit la vérité. Ne pas dire la vérité, c’est mentir. J’en fais mon mea culpa », a-t-il déclaré aux journalist­es, en marge d’un rassemblem­ent de Québec solidaire à l’Impérial de Québec.

La « surprise » et l’inexpérien­ce politique l’ont poussé à masquer la vérité, a-t-il admis. «Je demande, maintenant, qu’on passe à autre chose», a-t-il plaidé. «Je comprends la joute, je comprends que vous posiez ces questions-là, mais ça fait presque deux semaines que je suis en politique et je n’ai pas débattu une seule fois d’un enjeu de fond», a-t-il déploré.

Lors de l’annonce de sa candidatur­e, le 3 avril, Vincent Marissal avait nié avoir discuté d’une éventuelle candidatur­e avec le PLC. «Non, il n’y a pas eu d’offre de services», avaitil affirmé quand des journalist­es l’avaient questionné sur les discussion­s sérieuses qu’il aurait entretenue­s avec les libéraux de Justin Trudeau. «Je connais beaucoup de monde au Parti libéral, de fait je connais beaucoup de monde dans tous les partis», avait-il poursuivi. «Sachez qu’au cours des 15 dernières années, tous les partis fédéraux, provinciau­x et même municipaux, sauf le Parti conservate­ur — qui visiblemen­t avait compris quelque chose —, tous ces partis-là, au cours des 15 dernières années, m’ont approché d’une façon ou d’une autre», avait-il déclaré.

Dans une entrevue subséquent­e, il s’est défendu d’avoir «magasiné» avant de faire le saut avec Québec solidaire.

Des «faux-fuyants»

Sauf que son discours a ensuite évolué, pour faire place à l’aveu de «contacts» avec le bureau du premier ministre Justin Trudeau, puis à la reconnaiss­ance qu’une circonscri­ption — Outremont — avait été envisagée afin qu’il y présente sa candidatur­e.

Mercredi soir, avant de plonger dans un bain de foule avec quelque 800 militants solidaires, le candidat Marissal a bouclé la boucle. «Je comprends que mon début n’a pas été très bon, je le reconnais», a-t-il déclaré. «Mes mots étaient mal choisis, c’était des faux-fuyants et je suis ici notamment pour rencontrer les gens de Québec solidaire, pour leur parler et leur faire sentir que je suis totalement avec eux. »

Pressé de questions, l’air circonspec­t, il a aussi reconnu avoir été approché par le Nouveau parti démocratiq­ue il y a quelques années. «On a pris une bière, j’aimais beaucoup Jack Layton, mais ce n’est pas allé plus loin que ça», a-t-il dit au sujet du défunt chef néodémocra­te, qui avait fait le chemin jusqu’à Montréal pour le rencontrer.

Devant les militants réunis à Québec, le député solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a dénoncé les «attaques incessante­s» visant Vincent Marissal. «C’est normal, quand on veut se lancer en politique, de se poser des questions», a-t-il aussi déclaré aux journalist­es. «Ce qui nous définit, c’est la décision qu’on prend. »

Dans la valse-hésitation de l’ex-chroniqueu­r de La Presse, mais surtout dans sa décision de grossir les rangs solidaires, le jeune élu a dit déceler une des forces du parti qu’il représente à l’Assemblée nationale. «Moi, je suis très fier d’être dans un parti politique où on ne rallie pas seulement des indépendan­tistes purs et durs, mais aussi des gens qui se posent des questions, et qui doutent, et qui hésitent », a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? À sa toute première conférence de presse après s’être joint à Québec solidaire, l’ex-chroniqueu­r Vincent Marissal avait nié avoir «magasiné» auprès d’autres partis politiques, notamment le Parti libéral du Canada.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR À sa toute première conférence de presse après s’être joint à Québec solidaire, l’ex-chroniqueu­r Vincent Marissal avait nié avoir «magasiné» auprès d’autres partis politiques, notamment le Parti libéral du Canada.

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