Le Devoir

Un satellite à la chasse aux exoplanète­s

- PAULINE GRAVEL

Lundi prochain, le 16 avril, la NASA lancera TESS, un petit télescope spatial qui amorcera une chasse aux exoplanète­s qui sont présentes près de nous. Il sera ainsi plus facile de les étudier et de savoir si elles hébergent la vie.

C’est la fusée Falcon-9 de la société SpaceX qui propulsera dans l’espace le Transiting Exoplanet Sur vey Satellite (TESS ou Satellite de relevé d’exoplanète­s en transit). Équipé de quatre caméras, le TESS ratissera toute la voûte céleste à la recherche d’exoplanète­s, c’est-à-dire de planètes gravitant autour d’une autre étoile que notre soleil.

Hier, lors la première rencontre annuelle de l’Institut de recherche sur les exoplanète­s (iREx) à l’Université de Montréal, TESS était sur toutes les lèvres. Et on comprend pourquoi. TESS permettra de détecter et de localiser des exoplanète­s très près de notre soleil, soit à aussi peu que 20 à 30 années-lumière de la Terre.

Les milliers d’exoplanète­s connues à ce jour et qui pour la plupart ont été découverte­s par le télescope Kepler sont situées à des distances atteignant 400 années-lumière, explique René Doyon, directeur de l’iREx. Or, «comme les planètes détectées par TESS seront plus près de nous, cela permettra de déterminer la compositio­n de leur atmosphère à l’aide du télescope James Webb et d’y rechercher des biosignatu­res », dit-il.

Contrairem­ent au télescope Kepler, qui a posé son regard pendant quatre ans en continu sur une seule et même petite portion du ciel, TESS observera l’ensemble du ciel, bande par bande, consacrant 27 jours d’observatio­n à chaque bande de ciel, et ainsi de suite, pendant deux ans.

Plusieurs centaines de planètes

À l’instar du télescope Kepler, TESS repérera les exoplanète­s par la méthode des transits, laquelle permet de détecter les planètes par l’obscurciss­ement qu’elles engendrent sur leur étoile lorsqu’elles passent devant elle.

«En passant devant l’étoile autour de laquelle elle gravite, l’exoplanète obstrue une petite surface de l’étoile. Comme nous connaisson­s assez bien le rayon des étoiles, la surface obstruée nous renseigner­a sur la taille de la planète. Puis, avec les données que nous obtiendron­s ensuite à l’aide d’autres instrument­s, comme SPIRou qui amorcera ses mesures sous peu, nous pourrons connaître la masse de cette exoplanète, ce qui nous permettra de déterminer la densité de la planète et ainsi de savoir s’il s’agit d’une planète rocheuse ou gazeuse», explique ce professeur de l’Université de Montréal.

En mesurant le temps écoulé entre deux obscurciss­ements de l’étoile, les chercheurs pourront déterminer le temps mis par la planète pour accomplir une révolution complète autour de celle-ci.

«Puis, en connaissan­t la distance à laquelle se trouve la planète et la luminosité de son étoile, il sera possible de savoir si la planète en question se trouve dans la zone habitable, c’est-à-dire une zone ni trop chaude ni trop froide qui se situe à une distance suffisante de l’étoile pour permettre l’existence de l’eau sous forme liquide à la surface de la planète, explique le chercheur.

«TESS devrait détecter plusieurs centaines de petites planètes ayant une taille intermédia­ire entre celle de la Terre et celle de Neptune, dont une bonne douzaine dans la zone habitable, qui sont celles qui nous intéressen­t le plus

«Ces superterre­s et minineptun­es sont les plus nombreuses et, curieuseme­nt, elles n’existent pas dans notre système solaire», prédit M. Doyon.

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