Le Devoir

L’Assemblée nationale réclame une commission d’enquête publique à Ottawa

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

L’Assemblée nationale a appelé mercredi Ottawa à mettre sur pied «dans les plus brefs délais» une commission d’enquête publique sur les circonstan­ces de la tragédie ferroviair­e de Lac-Mégantic dans laquelle 47 personnes ont péri, le 6 juillet 2013.

Les municipali­tés de LacMéganti­c, de Nantes et de Frontenac mettaient quant à elles la dernière touche à une nouvelle propositio­n de voie de contournem­ent afin de la soumettre jeudi aux gouverneme­nts canadien et québécois.

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a réitéré mercredi sa promesse de dévoiler «les détails» du projet de voie de contournem­ent d’ici le 5e anniversai­re de la catastroph­e. Il n’a toutefois pas commenté l’appel lancé par l’Assemblée nationale.

Les élus québécois ont adopté à l’unanimité mercredi une motion en ce sens.

«C’était le temps», a fait valoir l’instigateu­r de la motion, Nicolas Marceau, quelques jours après la fin des procédures criminelle­s intentées contre la compagnie ferroviair­e Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA) dans la foulée des événements du 6 juillet 2013.

«Il n’y a pas de coupables. On ne connaît pas toutes les raisons du dérailleme­nt. On ne peut pas sortir d’une tragédie de cette ampleur-là avec absolument rien», a poursuivi l’élu péquiste.

La situation commande, selon lui, un «véritable examen» de «tout ce qui s’est passé» ainsi que de la législatio­n et de la réglementa­tion encadrant les activités ferroviair­es au pays

«Le droit de savoir»

Le député de Mégantic, Ghislain Bolduc, a appuyé la motion malgré quelques réticences. «J’ai été plus difficile à convaincre qu’eux [les autres députés libéraux]», a-t-il confié dans un entretien avec Le Devoir.

« Les gens de Mégantic ont bien souffert. Chaque fois qu’on joue dans ce film-là, ça [touche] toujours à l’âme et au coeur des gens qui ont perdu des amis, qui ont perdu des membres de leur famille», a-t-il souligné.

L’élu libéral plaide aujourd’hui pour «le droit de savoir et de comprendre» de la population de Lac-Mégantic.

«Moi, personnell­ement, et le gouverneme­nt, nous n’avons rien à cacher. Et si une enquête pouvait amener des éclairciss­ements, des nouvelles informatio­ns à la population de Lac-Mégantic qui a été durement touchée, tant mieux. On est pour la transparen­ce», convient-il à moins de trois mois du 5e anniversai­re de la tragédie.

Selon M. Bolduc, une commission d’enquête publique serait l’occasion de revoir la «gestion [au sens] large des réseaux ferroviair­es au Canada» — les «façons de faire», les «standards », etc. — et non uniquement les défaillanc­es humaines et techniques relevées les 5 et 6 juillet 2013 à Lac-Mégantic. «Et, est-ce que c’est mieux cinq ans plus tard?»

La Coalition de citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviair­e de Lac-Mégantic (CCDESF) se réjouit de l’appui de l’Assemblée nationale à sa demande d’enquête publique.

Faciliter le deuil

«De savoir que l’ensemble des députés ont voté unanimemen­t cette fois, ça fait chaud au coeur des Méganticoi­s», a fait valoir le porte-parole de la CCDESF, Robert Bellefleur, mercredi soir.

« La tragédie de Lac-Mégantic n’est pas un accident de parcours. C’est la résultante de l’abandon [du secteur ferroviair­e] du gouverneme­nt au profit des entreprise­s», estime-t-il.

La tenue d’une commission d’enquête publique, ainsi que la constructi­on d’une voie de contournem­ent facilitera­ient à coup sûr le deuil des survivants du dérailleme­nt du train fantôme de la MMA, est-il persuadé. «Notre population pourra alors mieux dormir la nuit », a conclu M. Bolduc.

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