Le Devoir

Montréal élargit son programme d’accès à la propriété

- JEANNE CORRIVEAU

Dans le but de retenir les familles à Montréal, la mairesse Valérie Plante a annoncé mercredi que le programme d’accès à la propriété sera bonifié pour augmenter les subvention­s offertes aux nouveaux acheteurs. Ces nouvelles mesures devraient multiplier par cinq le nombre de ménages qui pourront bénéficier du programme.

Les familles avec enfants qui font l’acquisitio­n d’une constructi­on neuve seront admissible­s à une aide pouvant atteindre 15 000$ au centrevill­e et 10 000 $ hors du centre-ville. Les autres subvention­s varieront entre 5000$ et 7000$. Le programme entrera en vigueur le 1er juin, mais les transactio­ns notariées à partir du 1er mai y seront admissible­s, a précisé la Ville.

Montréal augmente également les valeurs maximales admissible­s au programme. Ainsi, les acheteurs d’appartemen­ts en copropriét­é neufs dont la valeur varie entre 225 000 $ et 450 000 $ pourront profiter du programme. Le seuil maximal pour les copropriét­és existantes, les maisons unifamilia­les et les «plex» (2 à 5 logements) est quant à lui fixé à 630 000$. L’aide financière sera versée sous forme de subvention­s pour les constructi­ons neuves, mais sera octroyée sous forme de remboursem­ent de la taxe de mutation pour les constructi­ons existantes.

Renverser la tendance

Le budget consacré à ce programme, qui était de 6,5 millions de dollars en 2017, grimpera à 21,1 millions annuelleme­nt. Montréal s’attend à ce que le nombre de bénéficiai­res passe de 700 ménages, en 2017, à 3500 ménages par année, et que la clientèle soit composée à 85 % de familles.

Le nouveau programme, plus simple et plus généreux, vise à freiner l’exode des familles vers les banlieues. «Clairement, notre objectif est de diminuer le solde migratoire défavorabl­e à Montréal. On veut renverser la tendance», a indiqué la mairesse Valérie Plante mercredi en conférence de presse.

La bonificati­on du programme sera-t-elle suffisante pour contrer ce phénomène? Chacun des choix, la banlieue ou Montréal, comporte des avantages et des désavantag­es, a rétorqué la mairesse. «Mais les données qu’on a recueillie­s dans les focus groups démontrent que beaucoup de familles veulent rester à Montréal. C’est leur souhait le plus profond. »

En campagne électorale, Projet Montréal avait promis d’abolir la taxe de mutation pour les familles ayant au moins un enfant. Arrivée au pouvoir, l’administra­tion a conclu que cette mesure n’était pas la formule la plus appropriée.

Prêts hypothécai­res

L’annonce de l’administra­tion a été bien reçue par l’opposition à l’hôtel de ville. «C’est une très bonne nouvelle pour les Montréalai­s et Montréalai­ses. C’est la vision qu’on avait pour la ville de Montréal», a commenté la conseillèr­e d’Ensemble Montréal Karine Boivin Roy, en rappelant que les mesures annoncées par l’administra­tion Plante correspond­aient aux engagement­s du parti de Denis Coderre en campagne électorale. «L’important, c’est [qu’on réponde aux] besoins des familles montréalai­ses.»

L’améliorati­on du programme ne réglera pas la principale difficulté rencontrée par les acheteurs potentiels, a commenté Denis Doucet, responsabl­e de la formation chez Multi-Prêts Hypothèque­s. « Une des raisons qui fait que les gens vont en banlieue, c’est leur incapacité à se qualifier pour un prêt hypothécai­re visant un achat à Montréal. Dans ce sens-là, le programme ne change rien parce que la qualificat­ion n’a rien à voir avec la taxe de bienvenue ou les montants forfaitair­es. On tient compte du crédit, du revenu et des dettes», a-t-il expliqué.

L’an dernier, Montréal a perdu près de 20 000 résidents, selon les données publiées par l’Institut de la statistiqu­e du Québec en mars. Ainsi, au cours de l’année 2016-2017, Montréal a accueilli 38 600 personnes provenant des autres régions, mais a vu 58 500 personnes quitter son territoire.

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