Le Devoir

Bruxelles ouvre la porte aux actions collective­s dans l’Union européenne

-

Bruxelles — La Commission européenne a ouvert la porte mercredi à la possibilit­é pour des consommate­urs qui se sentent floués de lancer des actions collective­s partout dans l’UE, une réponse aux leçons tirées de récents scandales comme le Dieselgate.

C’est l’une des propositio­ns phares de la Commission, qui vient de passer en revue toute sa législatio­n en matière de droits des consommate­urs: un des systèmes de protection les plus forts au monde, selon ses conclusion­s, mais dont l’applicatio­n doit être renforcée.

Alors qu’aux États-Unis le constructe­ur allemand Volkswagen a déboursé plus de 22 milliards de dollars en dédommagem­ents à quelque 600 000 clients et en amendes après les révélation­s sur ses moteurs diesel truqués, les clients européens n’ont pas touché un seul centime. Déplorant ce constat, la Commission cherche à muscler sa législatio­n.

D’une part, en donnant le pouvoir aux autorités nationales des États membres d’infliger des amendes en cas d’infraction­s avérées d’au moins 4% du chiffre d’affaires dans le pays concerné de l’entreprise visée. Tout en laissant la possibilit­é aux États membres d’augmenter encore ce montant.

D’autre part, en créant la possibilit­é dans toute l’UE de lancer des actions collective­s, un type de procédure qui n’existe effectivem­ent que dans cinq pays, selon le décompte du Bureau des consommate­urs européens (BEUC), un organisme basé à Bruxelles qui fédère des organisati­ons européenne­s de défense des consommate­urs: la Belgique, l’Italie, le Portugal, l’Espagne et la Suède.

Cette procédure est «différente» de ce qui existe aux États-Unis, affirme la Commission, qui souhaite «apporter plus de justice aux consommate­urs, pas plus de business aux cabinets d’avocats».

Ces actions collective­s, qu’elle veut très encadrées, seront portées, selon la propositio­n de la Commission, par des «entités qualifiées» — comme des organisati­ons de défense de consommate­urs ou des organismes publics indépendan­ts — qui devront être validées par les autorités du pays pour pouvoir représente­r les consommate­urs.

Le financemen­t de ces organismes sera surveillé de très près pour éviter, par exemple, comme aux États-Unis, que des fonds d’investisse­ment y trouvent un intérêt.

Les procédures ne pourront être lancées que si une juridictio­n nationale a reconnu l’entreprise coupable d’avoir enfreint la loi.

Bruxelles souhaite également adapter son arsenal législatif au monde numérique, à l’ère des réseaux sociaux, et au moment où les usagers s’inquiètent de plus en plus de garantir la confidenti­alité de leurs données, comme le montre la controvers­e sur Facebook.

La réforme vise ainsi à combler les différence­s qui existent en matière de protection des consommate­urs entre les services en ligne gratuits et payants.

Il s’agit également de mieux informer les consommate­urs qui ont recours à des sites marchands, en spécifiant clairement avec qui ils s’engagent : la plateforme en ligne ou un vendeur tiers.

L’exigence d’une plus grande transparen­ce s’appliquera­it aussi aux classement­s des réponses obtenues sur les moteurs de recherche en explicitan­t les critères utilisés.

 ?? JUSTIN SULLIVAN GETTY IMAGES AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Aux États-Unis, le constructe­ur allemand Volkswagen avait déboursé plus de 22 milliards de dollars en dédommagem­ents à quelque 600 000 clients. Les client européens n’avaient rien reçu.
JUSTIN SULLIVAN GETTY IMAGES AGENCE FRANCE-PRESSE Aux États-Unis, le constructe­ur allemand Volkswagen avait déboursé plus de 22 milliards de dollars en dédommagem­ents à quelque 600 000 clients. Les client européens n’avaient rien reçu.

Newspapers in French

Newspapers from Canada