Les producteurs laitiers du Québec plus optimistes sur la gestion de l’offre
L’intensification des négociations dans le but de conclure une entente visant à renouveler l’Accord de libreéchange nord-américain (ALENA) pourrait profiter aux défenseurs de la gestion de l’offre, estiment les Producteurs de lait du Québec.
Sans aller jusqu’à dire qu’il est optimiste, leur président, Bruno Letendre, a affirmé mercredi, en marge de l’assemblée annuelle qui se déroule à Québec jusqu’à jeudi, que son niveau de confiance avait monté d’un cran.
À son avis, si les Américains souhaitent vraiment en arriver à un accord avant l’échéance du mois prochain, ils pourraient être enclins à faire plus de concessions et à laisser tomber certaines demandes, comme l’abolition du système canadien régissant les productions de lait, d’oeufs et de volaille.
«Nous demeurons inquiets, at-il pris soin de rappeler au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse canadienne, en marge de son allocution devant les producteurs. Je ne suis pas négociateur de formation, mais lorsqu’on veut une entente parce que l’on est pressé, il faut faire des concessions.»
C’est en octobre que les États-Unis ont réclamé la fin définitive du système de la gestion de l’offre d’ici les dix prochaines années, une idée qui, selon le gouvernement Trudeau, est vouée à l’échec.
Si cette demande a moins fait les manchettes au cours des dernières semaines, c’est parce qu’Ottawa a continué de maintenir la ligne dure en refusant d’aborder une éventuelle disparition de ce système, a estimé M. Letendre.
Certains Américains sont pressés d’en finir avec ces négociations, notamment les agriculteurs, avant les élections de juillet au Mexique et les élections de mi-mandat aux États-Unis en novembre.
Déjà aux prises avec une mauvaise saison et des marchés à la baisse pour les céréales, les fermiers — qui ont beaucoup voté pour Donald Trump — craignent d’éventuelles représailles de partenaires des États-Unis, notamment la Chine, qui pourraient être frappés par des tarifs douaniers sur l’acier, l’aluminium et d’autres exportations.
«Le gouvernement Trump n’a pas beaucoup d’amis ces temps-ci», a ironisé M. Letendre, faisant référence aux tensions commerciales provoquées par la Maison-Blanche. «Peutêtre qu’elle s’en cherche [avec l’ALENA]. »
En janvier, une coalition de producteurs avait dévoilé une étude commandée au cabinet PwC suggérant que de 58 000 à 80 000 emplois — dont 26 000 au Québec — seraient menacés chez les producteurs d’oeufs et de volaille au pays advenant la disparition de la gestion de l’offre.
Ces chiffres s’ajoutent aux quelque 24 000 postes qui, selon une enquête commandée au Boston Consulting Group (BCG) par Agropur en 2015, seraient en jeu dans le secteur laitier.
La modernisation du traité de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique demeure une épée de Damoclès au-dessus de la tête des fermiers, qui ont fait les frais des dernières ententes commerciales, a rappelé le président des producteurs laitiers.
En plus des 17 700 tonnes supplémentaires de fromages spécialisés qui entreront progressivement au Canada en vertu de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne (UE), les agriculteurs n’ont pas été épargnés par le Partenariat transpacifique global et progressiste paraphé au début du mois de mars.
Cette version amendée du Partenariat transpacifique prévoit toujours que le Canada offrira un accès de 3,25% à son secteur laitier, de 2,3 % au marché des oeufs et de 2,1 % à celui du poulet.
Selon les données des Producteurs de lait du Québec, les investissements en machinerie, en équipement et dans les bâtiments ont atteint 526 millions de dollars en 2016.