Le Devoir

Paul Ryan annonce qu’il ne briguera pas un nouveau mandat

Le départ annoncé du président de la Chambre des représenta­nts est un coup dur pour les républicai­ns

- MICHAEL MATHES à Washington

Le plus puissant républicai­n du Congrès américain, le président de la Chambre des représenta­nts Paul Ryan, a ajouté à l’impression de confusion aux commandes des États-Unis en annonçant mercredi qu’il ne briguera pas un nouveau mandat.

Troisième personnage en importance de la politique américaine, cet homme de 48 ans a ce faisant donné le coup d’envoi informel à une course au pouvoir au sein du Parti républicai­n, à quelques mois des élections cruciales de novembre.

«Cette année sera ma dernière en tant que membre de la Chambre», a déclaré lors d’une conférence de presse M. Ryan, qui la préside depuis 2015. «C’est un emploi qui ne dure pas éternellem­ent.»

Il avait accepté avec réticence de se présenter à ce poste après le départ de John Boehner, à la condition qu’il puisse rentrer chez lui auprès de sa famille tous les week-ends. Cette fonction requiert de nombreux déplacemen­ts dans tout le pays.

Il a dit mercredi s’être inquiété que ses trois enfants adolescent­s ne le voient quasiment plus s’il restait au Congrès, tout en affirmant ne pas regretter d’avoir accepté ces responsabi­lités.

«Après plus de vingt ans à la Chambre, le président est fier de ce qui a été accompli et il souhaite consacrer plus de son temps» à sa famille, avait affirmé plus tôt dans un communiqué Brendan Buck, conseiller de M. Ryan. Paul Ryan «servira jusqu’à la fin de son mandat et prendra ensuite sa retraite en janvier », avait-il précisé.

Hommage de Trump

M. Ryan, élu du Wisconsin (nord des États-Unis), a prétendu mercredi que sa décision de quitter la Chambre n’était pas liée au tumulte à la Maison-Blanche.

Le président Trump a rendu hommage sur Twitter à un «homme vraiment bon» qui «laissera un héritage politique que personne ne peut discuter. Nous sommes avec toi, Paul ».

Paul Ryan, qui était colistier de Mitt Romney lors de sa candidatur­e à la présidence des États-Unis en 2012, n’a donné aucune indication concernant d’éventuelle­s ambitions politiques. Il a insisté sur le fait qu’il était convaincu de « laisser cette majorité entre de bonnes mains avec un avenir très brillant».

Succession

Sauf que, pour l’heure, son successeur aux commandes de la Chambre n’est pas connu et que l’annonce de sa retraite survient à un moment difficile pour le gouverneme­nt Trump, qui a subi démissions et limogeages avec une première année au pouvoir marquée par maintes convulsion­s politiques. Et le Parti républicai­n fait face à une échéance électorale importante dans environ six mois.

Majoritair­e dans les deux chambres du Congrès, le Grand Old Party (GOP) n’en est pas moins profondéme­nt déchiré entre conservate­urs et modérés, au point qu’il est considéré aujourd’hui comme ingouverna­ble. Le départ annoncé de Paul Ryan va sans aucun doute donner lieu à une intense bataille de succession dans son camp, tandis que l’opposition démocrate va tenter de reprendre la Chambre, ce que des experts jugent de plus en plus possible.

Kevin McCarthy, chef de la majorité de la Chambre des représenta­nts, semble à ce stade être le favori pour devenir «House Speaker» si les républicai­ns conservent leur mainmise à l’issue du scrutin du 6 novembre.

«C’est un jour triste pour moi à titre personnel et pour notre groupe», a-t-il déclaré, soulignant qu’«il y a davantage de travail à faire cette année ».

Mais avec un parti désuni, il devrait avoir de la concurrenc­e. À commencer par le numéro trois du parti, le conservate­ur de la Louisiane Steve Scalise, qui aurait fait part en coulisses de son intérêt.

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Paul Ryan

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