Consternation à travers le pays
Les condoléances de la classe politique ont afflué lundi, à la suite du drame qui a secoué Toronto. Mais au-delà de l’expression de leurs pensées pour les 15 blessés et les familles des 10 victimes, les politiciens se sont abstenus de commenter plus à fond le tragique événement, alors que la police de Toronto n’en était qu’au début de son enquête.
Seul le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, s’est permis de déplorer une «attaque horrible» sur Twitter. Une déclaration qui pouvait laisser croire que le ministre venait d’insinuer le motif du présumé suspect, Alek Minassian.
M. Goodale a cependant clarifié son message en soirée. «En se fiant aux informations qui sont disponibles à l’heure
Dans une vidéo de l’arrestation, partagée sur les réseaux sociaux, on y voit le suspect hurler à quelques reprises « tuez-moi », avant d’être arrêté par un policier.
Plusieurs témoins ont rapidement craint une attaque terroriste puisque l’événement n’est pas sans rappeler les attaques à la voiture-bélier survenues dans plusieurs grandes villes, notamment Barcelone, Nice et Berlin, où des individus radicaux ont fauché mortellement des piétons à l’aide de véhicules.
Sur le terrain, les premiers répondants sont vite arrivés pour soigner de multiples blessés.
Des dizaines de personnes se tenaient en silence près de la scène du drame, pendant que des hélicoptères survolaient le secteur. Les rues du secteur ont été bloquées et des véhicules de police se rendaient sur les lieux.
En fin d’après-midi, la rue Yonge, habituellement très achalandée, était pratiquement déserte. Des gants de premiers répondants abandonnés au sol, des chaussures gisant au milieu de la chaussée et, surtout, de trop nombreuses bâches orange couvrant les corps des victimes montraient la violence de l’attaque.
Noorani Barsat, gérant d’un restaurant situé à proximité du lieu de l’attaque, a raconté au Toronto Star avoir couru à l’extérieur après avoir entendu tout ce vacarme. Il a aperçu un homme grièvement blessé. «J’ai couru là-bas, j’ai apporté de l’eau et une serviette à cet homme blessé, mais il était inconscient », a-t-il soutenu.
Les autorités s’attendent à ce que l’enquête soit non seulement difficile, mais très longue en raison de l’important périmètre où s’est déroulé le drame ainsi que du nombre de témoins.
Le maire de Toronto, John Tory, a demandé aux gens d’éviter le secteur.
«Le quadrilatère sera fermé encore longtemps […] On demande aux entreprises de fermer leurs portes et de dire à leurs employés de rentrer à la maison. À ceux qui habitent le secteur, si vous êtes en mesure de l’éviter, faites-le. C’est une enquête difficile», a-t-il souligné.
Deux lignes téléphoniques ont été mises sur pied, une pour les proches des victimes et une pour les témoins du drame.
Lundi soir, l’identité des victimes n’avait pas été divulguée, mais les autorités ont précisé que toutes étaient adultes. Aucun enfant n’a été blessé dans l’événement.
Un lieu de recueillement spontané pour rendre hommage aux victimes a été érigé à l’intersection où l’attaque a commencé. Plusieurs citoyens s’y rendaient pour y déposer des fleurs.
La fourgonnette qui a servi à l’attaque serait un véhicule de location de la compagnie Ryder, qui a confirmé l’implication du véhicule. «Nous sommes attristés par cet événement tragique, et nos plus sincères condoléances vont aux personnes touchées. Nous prenons très au sérieux la sûreté et la sécurité liées à l’utilisation de toute notre flotte et nous coopérons pleinement avec les autorités», a expliqué au Devoir une porte-parole de l’entreprise, Claudia Panfil.