Le Devoir

« Il faut aller au moins jusqu’à 45 % »

Le Groupe Femmes, Politique et Démocratie veut une loi pour forcer la parité à Québec

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

Les membres du Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD) prennent le contre-pied de l’ex-première ministre Pauline Marois : il faut une loi pour assurer la représenta­tion paritaire des femmes et des hommes à l’Assemblée nationale, insistent-ils.

Ils remettront mardi à Philippe Couillard (PLQ), JeanFranço­is Lisée (PQ), François Legault (CAQ) et Amir Khadir (QS) une propositio­n de projet de loi prévoyant l’obligation pour toutes les formations politiques de présenter au moins 40% de femmes lors des prochaines élections générales, puis 45 % lors des rendez-vous électoraux subséquent­s.

« Il faut aller au moins jusqu’à 45%», plaide la directrice générale du GFPD, Esther Lapointe, dans un entretien avec Le Devoir lundi.

« Je suis consciente que c’est très difficile à l’heure actuelle, ce qu’on demande aux partis politiques, mais, écoutez, on est un peu plus de 50 % de la population, ce n’est pas normal qu’on ne soit pas représenté­es à notre juste poids. On est dans une démocratie», insiste-t-elle non sans avoir préalablem­ent salué les «gros efforts» déployés jusqu’à aujourd’hui par les partis pour s’approcher (PLQ, PQ) ou atteindre (CAQ, QS) la «zone de parité 40-60 % ».

Les membres du GFPD auront fort à faire pour convaincre le PLQ, le PQ et la CAQ de modifier la Loi électorale, d’ici la dissolutio­n de l’Assemblée nationale, pour contraindr­e les partis politiques de présenter au moins 40%, puis 45% de candidates.

En effet, le PLQ, le PQ et la CAQ refusent mordicus de légiférer afin de fixer des quotas. Seul Québec solidaire — dont l’obligation de compter

«Ce

n’est pas normal qu’on ne soit pas

» représenté­es à notre juste poids Esther Lapointe, directrice générale du GFPD

«au moins 50% de personnes s’identifian­t au genre féminin» parmi ses candidats est enchâssée dans ses statuts — est disposé à appuyer le projet de loi du GFPD «dans une perspectiv­e de compromis».

Antidémocr­atiques, les quotas ?

Le PQ s’abrite derrière ses règles de démocratie interne, selon lesquelles ses candidats sont choisis, non pas par le chef comme à la CAQ, mais par les membres, afin de justifier son opposition à un seuil obligatoir­e de candidatur­es respectant la zone paritaire. Le GFPD ne se satisfait pas de cette explicatio­n.

«Je ne suis pas née de la dernière pluie. Je sais qu’il y a moyen, des fois, d’organiser les affaires pour faire passer le candidat que le parti souhaitera­it avoir. On est en politique: on n’est pas des enfants de choeur», lance Esther Lapointe à l’autre bout du fil.

Les membres du GFPD ont d’ailleurs été étonnés d’entendre Pauline Marois s’opposer publiqueme­nt à la fixation d’un «quota» ou d’une «zone paritaire». «Je ne peux pas le cacher », dit Mme Lapointe, tout en rappelant que l’ex-chef du PQ était présente lors du lancement du mouvement « En marche pour la parité» il y a deux ans.

« Dans son discours, Mme Marois, elle était d’accord avec les mesures qu’on prend », fait-elle remarquer.

M. Couillard, M. Lisée, M. Legault, et M. Khadir présentero­nt leurs engagement­s en faveur de la parité hommefemme au Parlement devant les membres et les amis du GFPD à la Bibliothèq­ue de l’Assemblée nationale mardi midi.

Le chef caquiste, François Legault, réitérera sa promesse de procéder à une réforme du mode de scrutin s’il est porté au pouvoir le 1er octobre prochain. «Dans une proportion­nelle mixte, une partie des sièges est répartie en fonction du vote, à partir d’une liste de candidats. Et je m’engage à présenter une liste paritaire », soulignera-t-il.

«S’il n’y a pas de loi pour imposer aux partis qu’ils atteignent un seuil minimal de candidatur­es, on n’y arrivera pas», conclut Esther Lapointe. Le GFPD y a réfléchi pendant près de 20 ans.

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