Le Devoir

La Caisse pourrait se retirer après 5 ans

L’organisati­on réitère qu’elle n’a toutefois pas l’intention de vendre

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Même si elle répète que cette possibilit­é ne fait pas partie de ses plans, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pourrait céder l’exploitati­on du Réseau express métropolit­ain (REM) après seulement cinq ans, soit en 2028, révèle l’une des ententes dévoilées lundi par les responsabl­es du projet de transport collectif.

Le gouverneme­nt du Québec, l’Autorité régionale de transport métropolit­ain (ARTM) et CDPQ Infra ont rendu publiques lundi l’entente de gestion et de réalisatio­n ainsi que l’entente d’intégratio­n du REM, «dans un souci de transparen­ce ».

L’entente concernant la gestion et la réalisatio­n du REM, qui lie le gouverneme­nt du Québec aux responsabl­es du projet, indique que Projetco, la société en commandite créée par la Caisse pour réaliser et gérer le REM, « s’engage à exploiter l’ensemble des antennes pour une période minimale de cinq ans à compter de la date de la mise en service commercial complète du REM», soit de 2023 à 2028.

À partir de 2028, si la Caisse estimait par exemple qu’une des lignes du REM n’est pas assez rentable, elle pourrait annoncer son intention de cesser son exploitati­on. Elle devrait alors aviser le gouverneme­nt, qui aurait deux choix: permettre la fermeture de la ligne en question ou acheter l’ensemble des actifs du REM à leur « juste valeur marchande ».

Une autre clause de l’entente prévoit que le gouverneme­nt du Québec a l’option d’acheter le REM 50 ans après sa mise en service.

Pas dans les plans

Il est théoriquem­ent possible que la Caisse délaisse l’exploitati­on du Réseau express métropolit­ain après cinq ans, mais «[elle] n’a aucune intention de disposer du REM», a assuré le président et chef de la direction de CPDQ Infra, Macky Tall, lors de la présentati­on des documents.

«Ce sont des clauses standard qu’on retrouve dans ce type de projet. Nous en faisons plusieurs dans le monde et ce n’est pas la première fois que nous voyons ce genre de clause », a-t-il fait valoir.

M. Tall a ajouté que la Caisse pourra rentabilis­er son investisse­ment de près de trois milliards de dollars en détenant toutes les antennes du REM à «très long terme». «C’est un mécanisme théorique dans l’entente qu’on n’a aucune intention d’exercer, a-t-il insisté. On parle ici d’une clause contractue­lle très théorique. »

Coûts plafonnés

Les ententes dévoilées lundi confirment par ailleurs que l’ARTM devra verser un tarif de 0,72$ par passager/km à la Caisse de dépôt à partir de la mise en service du premier segment du REM, qui est prévue à l’été 2021.

Ce tarif sera revu chaque année à partir du 1er janvier 2022 «afin de tenir compte principale­ment de l’impact de l’inflation ou de la déflation des coûts des intrants».

Les responsabl­es du projet ont précisé qu’un mécanisme de plafonneme­nt des contributi­ons permettra de limiter les coûts que devront assumer les municipali­tés de la région métropolit­aine. «Peu importe l’achalandag­e observé dans le temps, les coûts annuels totaux supplément­aires estimés pour les villes seront limités à quelque 45 à 60 millions de dollars, en dollars d’aujourd’hui », ont-ils expliqué.

Près de 11 milliards en 20 ans

La Presse canadienne a révélé la semaine dernière que les contribuab­les et les usagers pourraient payer près de 11,4 milliards de dollars sur vingt ans à la Caisse de dépôt pour le service du Réseau express métropolit­ain. Le montant exact de la facture dépendra du mécanisme d’indexation du tarif et de l’achalandag­e.

Les tarifs payés par les usagers du REM devraient couvrir le tiers des coûts, tandis que la portion restante devrait être à la charge du gouverneme­nt du Québec (85%) et des municipali­tés (15 %).

Pour ce qui est de la constructi­on du REM, qui a débuté au début du mois d’avril, son coût est désormais estimé à 6,3 milliards de dollars. La Caisse paiera la moitié de cette somme et les gouverneme­nts du Québec et du Canada se partageron­t le reste de la facture à parts égales.

Lorsque le projet sera construit, une des ententes dévoilées lundi prévoit l’établissem­ent de zones de non-concurrenc­e à l’intérieur desquelles le REM aura notamment le monopole pour effectuer la liaison en transport collectif d’un «bassin de services» vers le centre-ville de Montréal. L’objectif est de ne pas créer des services de transport collectif parallèles à celui du REM, indique-t-on.

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