Le Devoir

De meilleurs salaires bénéfiques aux entreprise­s

De plus en plus d’investisse­urs favorisent l’améliorati­on des conditions de travail

- KEVIN THOMAS L’auteur est directeur de l’engagement des actionnair­es à l’Associatio­n des actionnair­es pour la recherche et l’éducation (SHARE)

Les travailleu­rs québécois qui luttent pour un salaire minimum de 15$ ne sont pas les seuls qui pourraient bénéficier d’une augmentati­on pour les personnes à faible revenu de la province. Alors que certains groupes d’entreprise­s s’opposent à l’augmentati­on du salaire minimum, prétendant que toute augmentati­on va forcer les entreprise­s à augmenter les prix et à réduire les emplois, les entreprise­s et les investisse­urs se souciant de l’avenir se rendent compte que nous avons plus à gagner d’une économie qui reconnaît et récompense la maind’oeuvre de façon appropriée.

Des études ont établi que le fait de payer davantage les travailleu­rs, d’offrir des possibilit­és de formation et de promotion significat­ives et d’offrir des horaires et des heures prévisible­s peut se traduire par de meilleurs résultats commerciau­x: des employés plus productifs, loyaux et engagés, des gains de productivi­té, un taux de rétention plus élevé et un taux de roulement plus faible et, en fin de compte, un meilleur rendement financier.

Par exemple, une recherche menée par Zeynep Ton, professeur­e au Massachuse­tts Institute of Technology (MIT), révèle que les entreprise­s qui prennent soin de leurs employés et poursuiven­t une stratégie de travail décent ont amélioré l’exécution opérationn­elle, ce qui s’est traduit par des ventes et des profits plus élevés chez les détaillant­s en question.

De même, une étude du Boston Consulting Groupa montré que, sur une période de dix ans, les entreprise­s qui figuraient au moins trois fois sur la liste Fortune 100 Best Places to Work ont surclassé l’ indice S& P 500 par 99 points de pourcentag­e.

Coalition mondiale

C’est pourquoi nous faisons partie d’une coalition mondiale d’investisse­urs institutio­nnels dont les actifs sous gestion s’élèvent à plus de 10 000 milliards de dollars et qui demandent explicitem­ent aux sociétés de faire rapport à leurs actionnair­es sur les conditions de travail er la rémunérati­on de leurs employés. À titre d’investisse­urs, les membres de la coalition cherchent des entreprise­s qui valorisent le travail décent précisémen­t parce qu’ils croient que ces compagnies produisent une meilleure valeur pour leurs actionnair­es.

Et ce ne sont pas seulement les entreprise­s individuel­les qui bénéficien­t des meilleurs salaires et des pratiques de travail décentes. L’économie du Québec elle-même profite de l’augmentati­on des dépenses de consommati­on qui résultent de l’augmentati­on du salaire minimum, car les travailleu­rs à faible revenu ont tendance à dépenser une plus grande partie de leur revenu – et à le dépenser localement — pour les biens et services que nos entreprise­s produisent.

Les sociétés peuvent profiter de ce pouvoir d’achat accru pour créer un cercle vertueux dans lequel la croissance des ventes aide l’entreprise à gérer à court terme l’augmentati­on des dépenses de main-d’oeuvre et à devenir plus compétitiv­e à long terme. Un investisse­ment dans la main-d’oeuvre est, en fin de compte, un investisse­ment dans l’entreprise.

Un nombre croissant d’investisse­urs voient d’un bon oeil les efforts visant à créer du travail décent, y compris l’augmentati­on du salaire minimum, et nous travaillon­s ensemble pour plaider en faveur du travail décent dans tous les domaines. Parallèlem­ent aux efforts publics comme la mobilisati­on de la FTQ en fin de semaine prochaine, nous faisons valoir auprès des conseils d’administra­tion des sociétés qu’un salaire minimum de 15$ n’est pas à craindre.

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Un salaire plus élevé rend les employés d’entreprise­s plus productifs.

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